Covid-19 : Entre vaccins et variants…
Le coronavirus, ce n’est pas fini, loin de là. Si la prévalence de la maladie et le taux de mortalité ont baissé en 2021, l’année a été marquée par deux événements majeurs. Le premier, strictement médical, s’appelle l’apparition de nouveaux variants dont le dernier en date, Omicron, se propage à une très grande vitesse. Au Maroc, comme dans le reste du monde, ce variant est malheureusement bien parti pour meubler la rubrique actualités de l’année 2022… Le deuxième événement marquant, plutôt d’ordre culturel ou sociologique, s’appelle la résistance, voire le refus de certains à l’idée de se plier tant à une troisième dose qu’à l’obligation du pass vaccinal. Les rangs des antivax, comme on les appelle désormais, ont grossi tout au long de l’année. Des marches de protestations ont vu le jour, avec la participation très remarquée des islamistes d’Al Adl Wal Ihsane, mais aussi de certaines figures de la gauche. Il faut pourtant compter sur la collaboration de tout le monde pour éviter un nouveau confinement, qui serait catastrophique pour la santé économique du royaume…
Elections : Le triomphe d’Akhannouch et la chute du PJD
Les législatives d’octobre 2021 ont apporté leur lot de surprises. La plus grande, que personne n’a réellement vu venir, reste la chute vertigineuse du parti de la lampe. Le PJD, mis à mal depuis la «normalisation» entre le Maroc et Israël, et déjà fragilisé depuis le remplacement de Benkirane par El Othmani à la Primature, s’attendait à une défaite. Certes. Mais la défaite a pris des allures d’hécatombe, que l’on n’a pas forcément fini d’analyser. Dans le même temps, les législatives ont consacré la progression constante depuis quelques années, du tandem RNI – PAM. Aziz Akhannouch et les «Bleus», qui ont mené une longue et efficace campagne tous terrains sur plusieurs années, ont reçu un quasi-plébiscite, bénéficiant pour le reste d’une confortable majorité parlementaire. De quoi leur permettre d’assurer tant les affaires générales et politiques du pays, que la gestion de ses principales mairies. Sans oublier que ce triomphe semble clore (définitivement ?) la parenthèse des printemps arabes, qui avait amené les islamistes au pouvoir.
Football : Des Lions rugissants
Inutile de faire la fine bouche. Les Lions de l’Atlas vont bien, ou de mieux en mieux, devrait-on dire. Ils ont même fini l’année 2021 en intégrant le top 30 du classement mondial de la FIFA. Une première depuis 20 ans ! Pour rappel, en 2018, l’année ou le Maroc a pourtant pris part au Mondial de Russie, après là aussi 20 ans d’absence, il n’émargeait qu’à la 40ème place du classement FIFA. Ce remarquable résultat, les Lions le doivent à une belle année 2021 au cours de laquelle ils n’ont pas connu la défaite en match officiel. Du jamais vu ou presque. Et c’est d’autant plus méritoire que les Lions ont été obligés de faire souvent sans leur stratège, meneur et surtout buteur patenté, Hakim Ziyech, écarté pour raisons disciplinaires. C’est donc en excellente santé que la team de Vahid Halilhodzic aborde la phase finale de la CAN (Championnat d’Afrique des Nations), où elle fait office de favori, au même titre que l’Algérie, le Sénégal ou le pays organisateur, le Cameroun. Croisons les doigts…
Kif : Légalisé ou presque !
Oui, oui, la légalisation est partielle, elle couvre «seulement» les vertus thérapeutiques et pharmaceutiques, si l’on se base sur les termes employés dans la communication officielle. Il n’empêche. C’est une brèche dans le mur, d’aucuns diront «un grand petit pas». Fortement ancré dans l’histoire multiséculaire du royaume, principalement dans les montagnes du Rif, le kif possède des vertus sociales, voire aussi économiques, dont les revenus concernent des milliers de petits cultivateurs et, dans certains cas, des villages entiers… Avec la légalisation partielle, c’est un tabou qui a été brisé, et c’est surtout un geste et un signal forts qui sont adressés à des populations déjà lourdement affectées par la crise du Covid-19, et fragilisées par un développement à plusieurs vitesses et une redistribution inégale des richesses. À noter, pour la petite histoire, qu’en dehors du «peuple islamiste», pratiquement toute la classe politique a acquiescé, pour ne pas dire qu’elle a applaudi à cette mesure, l’une des dernières et des plus courageuses du gouvernement El Othmani..
Mehdi Ben Barka : Espion, vraiment ?
À défaut de voir enfin la vérité, toute la vérité, éclater quant au sort subi par le célèbre opposant marocain, enlevé à Paris le 29 octobre 1965 et plus jamais réapparu, la famille du disparu et l’opinion publique ont eu affaire à de nouvelles révélations, cette fois des plus surprenantes, et qui auraient été jetées aux oubliettes si elles n’avaient pas été publiées par le très sérieux «The Guardian» britannique. Mehdi Ben Barka, selon la publication qui se base sur les travaux d’un jeune historien tchèque, aurait étroitement collaboré avec les services tchèques (le StB). La collaboration, dûment rémunérée selon la même source, aurait démarré dès 1961, au moment où l’avenir de Ben Barka au Maroc semblait déjà compromis et où sa séc urité personnelle était en danger. En attendant que toute la lumière soit fait sur cette nouvelle affaire, qui est rejetée en bloc par la famille politique de Ben Barka, il est certain que la déclassification des archives secrètes dans plusieurs pays (France, états-Unis, Israël, pour ne citer que ces trois) pourrait, si elle venait à s’accélérer, révéler des informations sur le plus important : la vérité sur la disparition du célèbre opposant.
Développement : Un rapport et une feuille de route gouvernementale
On l’attendait de pied ferme, même au plus fort de la crise générée par le coronavirus, et il est enfin arrivé pour secouer le cocotier et rappeler, à quelques mois des législatives, qu’il servirait de feuille de route, et ce quelque soit la composition du futur gouvernement. Pour ceux qui en ont pris connaissance, le rapport de la commission de sous-développement, conduite par Chakib Benmoussa, est sans doute le document officiel le plus important qui a été produit depuis, au moins, le fameux rapport du cinquantenaire (2005), dirigé à l’époque par le défunt Meziane Belfqih. Malgré ses lacunes et ses quelques faiblesses ou zones floues (notamment sur les réformes à mener dans le domaine juridique), il faut espérer que le rapport de la commission Benmoussa et ses multiples recommandations, qui vont du social à l’économique, en passant par le culturel et le pédagogique, ne restent pas lettre morte. Au gouvernement (pour commencer) de se mettre au travail !
Diplomatie : Madrid in, Alger out !
C’est un classique, le royaume a souvent eu des frictions avec ses voisins immédiats, l’Algérie et l’Espagne. L’année 2021 a donc apporté son lot de crises avec ces deux pays. Circulez, il n’y a rien à voir ? Pas si vite. Avec l’Espagne, la crise, qui a été réelle, a été éphémère et s’est finalement dissipée malgré un pic de tension observée en mai 2021, quand les «vannes» de la frontière avec Sebta ont été momentanément ouvertes… Un mal pour un bien, finalement, puisque Rabat et Madrid ont réussi, depuis, à trouver un terrain d’arrangement et jeté les bases de ce qui pourrait être un partenariat ou un voisinage «win-win», sur le même pied d’égalité. Il n’en va malheureusement pas de même avec l’autre voisin, celui de l’Est. Faut-il s’en étonner ? Non, tant les accusations hystériques et totalement infondées, lancées par Alger se sont multipliées tout au long de l’année. Au point que les tambours de la guerre ont même commencé à se faire entendre… Malgré la politique de la main tendue, lancée par le royaume, nos voisins ont choisi l’escalade verbale. En arabe dialectal, on dit «Allah yahdi ma khalaq» (Dieu fasse que ses créatures retrouvent le droit chemin). Amen !