Une communauté russe s’installe dans le royaume dès le premier quart du XXe siècle. exportant ses compétences, chassée par la révolution bolchévique, ou fuyant la seconde guerre mondiale, cette diaspora discrète a laissé une trace au Maroc.
La conception de l’emblématique ligne de chemin de fer reliant Casablanca et Marrakech n’est pas l’oeuvre d’ingénieurs français. Celle du port de Kénitra non plus. En réalité, nous devons ces réalisations à des citoyens russes que le destin a fait échouer au coeur des lointaines et énigmatiques contrées du royaume chérifien. Comment ces officiers de l’armée ou de la marine du Tsar, ces ingénieurs, techniciens qualifiés ou simples ouvriers se sont-ils installés dans un Maroc fraîchement mis sous la tutelle coloniale ?
La migration de ces intrépides aventuriers venus du froid s’effectue en plusieurs vagues. La première – à peine une vaguelette – se situe à l’aube du XXe siècle et s’inscrit dans le cadre des fréquentes et bonnes relations qu’entretiennent Paris et Saint-Pétersbourg. Discrète, mais tout de même présente, la délégation russe à la Conférence d’Algésiras (1906) note que ce territoire stratégique est destiné à la France. Une dizaine d’années plus tard, c’est un véritable exode qui se déroule, mais cette fois-ci ce n’est pas par goût d’aventure… Le 2 mars 1917, le Tsar Nicolas II abdique, c’est le triomphe de la révolution bolchévique. Aristocrates, intellectuels, entrepreneurs, gens d’église ou simples soldats – un peu plus d’un million et demi d’émigrés de par le monde – réalisent que leurs vies sont désormais en danger. A la fin de la guerre civile, en novembre 1920, ils fuient par tous les moyens les représailles des Soviets qui leur vouent une haine féroce. La totalité de la Flotte de la mer noire trouve asile à Bizerte. Elle sera, avec la Légion Etrangère, le principal réservoir d’émigrés au Maroc. Il est désormais question d’exil politique. Et il leur faudra plusieurs années avant de réaliser qu’un retour au pays natal n’est plus qu’une vaine utopie. En Russie, le communisme s’est implanté et pour longtemps.
Par Sami Lakmahri
La suite de l’article dans Zamane N°32
Mon passage professionnel bancaire de 1972 a 1974 en tant que jeune Directeur de l ‘agence de la BMCI de la ville de Safi m a permis de rencontrer en tant que clientsde connaître une petite famille russe ayant fui d ‘apres la revolution bolchevique de 1917 dits russes blancs .
Le père alors âgé d’ une cinquantaine
d ‘années environ appelé Boris Vachkirov son épouse sa femme et sa fille mariée à un pharmacien français Dalabouchere .
Ce qui m’a beaucoup frappe c est leur sens de la dignité de la parole donnée de la fidélité et du travail
Boris aurait dit on travaille comme marin dans des bateaux de pêche marocains avant de constituer sa propre flotte destinée à alimenter en sardines ses deux usines de conserves SATCO et SACSA.
Sans trahir un secret Boris m’ a interpellé lors de la maroquinisation du secteur industriel de 1973 en me disant lors d ‘une entrevue qu il aimerait céder loi obligé 50 pour cent du capital de ses deux usines à un jeune marocain ayant le même profil que moi même .
Trop jeune et fidele a la BMCI j ai plus ou moins compris cet appel du pieds et répondu spontanement que j’ avais un candidat client Abdellatif Illane , petit entrepreneur de carrière de gypse , dont le père Feu Hadj Mohamed Illane était un armateur de pêche bien connu et respecte à Safi et Région.
Ainsi Abdellatif est devenu moyennant un crédit long terme de maroquinisation octroyé par la BMCI actionnaire à 50 pour cent 100 des deux sociétés de conserves précitées au grand bonheur de toutes les parties concernées y compris la Banque .
Feu Boris Bachkirov un homme
d ‘honneur avait comme il s ‘est engagé a le faire tenu avant sa mort à céder 50 pour 1OO de ses parts à son associé marocain Abdellatif qu ‘il l’ a aidé à marocaniser avec de bonnes conditions de cohabitation et de succès ses deux affaires .
Un exemple de la cohabitation et de la solidarité agissante marocco russe qui m’a beaucoup marquée .
Abdemajid Benjelloun ancien Directeur d ‘Agence de la Banque Marocaine Pour le Commerce et l’industrie « BMCI » 1972/1974 filiale BNP PARISBAS au Maroc
J’ai connu une famille Cheremetev a affourer près de benni mellal .Je retrouve dans le descriptif précédent les traits de personnalité : discrétion, sérieux, dignité, noblesse d’esprit . Une famille amie de la mienne qui nous a marqué .
Je suis la dernier des 3 filles Bachkiroff, la seule qui vit en France… je suis tres impressionnee par cet article. Abdellatif était un copain. J’ai pas mal correspondu avec Pauline de Maziere pour ses livres sur l’histoire des russes au Maroc. Pour conclure je rajouterai que mon grand-père maternel Platon Ossipoff était géomètre, chef du plan de la ville de Tanger. Il venait de Bizerte, ou est née ma mère Nathalie…