Au milieu du XIIIème siècle, une petite caste de mercenaires (tous n’ont pas encore abjuré la religion chrétienne) commence à se former sur le territoire marocain. Forte de quelques milliers d’individus, son influence est loin d’être négligeable. L’historien contemporain Ahmed Khanboubi suggère, dans son ouvrage «Les premiers sultans Mérinides 1269-1331 – Histoire politique et social», que leur champ d’action s’exerce jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir : «En effet, en 1250, certains membres de la milice chrétienne ont trempé dans le complot ourdi par la population de Fès, contre l’émir mérinide Abu Yahya. Ils ont ainsi assassiné As-Saoud B.Khirbas, wali et client d’Abu Yahya. A la bataille d’Isly, en 1272, les chevaliers chrétiens qui étaient au service des Mérinides voulaient rejoindre le camp d’Abdelwadid (conflit entre deux fractions Zénètes ndlr)». L’historiographie reste peu bavarde sur les circonstances exactes de ce degré d’influence acquis très tôt par cette «milice chrétienne». En tout état de cause, les terribles luttes intestines qui caractérisent le territoire à cette époque, sont de nature à favoriser l’infiltration de groupes étrangers. Les membres qui les composent sont alors considérés pour la plupart comme des mercenaires, et leur présence auprès des puissants choque profondément les Marocains. Il faut attendre la première victoire militaire des Saaâdiens (12 mars 1541, prise du fort portugais de Santa Cruz, ancêtre de la ville d’Agadir), successeurs des Mérinides, pour finaliser le statut de renégats. L’inversion du rapport de force militaire place désormais les renégats comme des chrétiens déchus. D’une certaine façon, leur présence au Maroc est un peu plus légitimée, d’autant qu’ils se revendiquent désormais comme musulmans.
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