Dans un Paris en ébullition, les étudiants marocains vivent à la fois un Mai 68 français, international et propre à leur histoire. Une révolte, démarrée au Maroc trois ans auparavant, marquée par l’occupation de la Maison du Maroc, bastion de la contestation contre le régime. Récit.
L’Université de Nanterre, Mounira Bouzid El Alami, étudiante boursière marocaine en sociologie, assiste aux discours enflammés d’un certain Daniel Cohn-Bendit. Et à la création du Mouvement du 22 mars ; considéré aujourd’hui comme le détonateur de Mai 1968, comme «la mèche allumée d’un feu qui se consumait déjà», selon l’historienne Michelle Zancarini-Fournel. Ce vendredi 22 mars 1968 donc, une poignée d’étudiants révolutionnaires, écœurés par les arrestations de plusieurs de leurs collègues et par la rigidité du carcan universitaire et de la société en général, opposés à la guerre du Vietnam, entre autres, décident d’occuper la tour administrative de l’université. La jeune Mounira, enthousiasmée par ce vent de révolte, est saisie par un contraste saisissant: «On était dans une faculté toute nouvelle, excentrée en banlieue. Et juste en face, il y avait un bidonville où vivaient mes compatriotes, des Marocains, venus en 1963 pour reconstruire la France». Mounira, adhérente à l’UNEM et à l’UNFP, est politisée. Surtout, comme des milliers d’étudiants marocains, elle connaît déjà le goût de l’indignation et de la répression.
Par Nina Kozlowski
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