Tous les Marocains connaissent Ahmed El Bidaoui et son luth magique, qui a enchanté tant de générations. Mais peu sont au courant de la petite histoire, aussi croustillante qu’inattendue, que Zamane a choisi de vous narrer avec force détails…
Nous sommes au Palais Royal de Skhirat, où règne une atmosphère feutrée et majestueuse. En cette fin des années 1960, l’atmosphère est détendue et le défunt Hassan II, mélomane averti et musicien talentueux, a l’habitude d’organiser des soirées musicales où le Tarab oriental est à l’honneur. Parmi ses artistes préférés, la diva Oum Keltoum, le «rossignol» Abdelhalim Hafez et quelques autres heureux élus. Ce soir-là, donc, le roi HassanII accueille un invité de marque, une légende vivante de la chanson arabe : Mohamed Abdelwahab, que l’on ne présente plus. Pour honorer ce grand maître venu d’Orient, alors largement sexagénaire (il est né en 1902) et dont il admire l’extraordinaire talent de compositeur et de chanteur hors-pair, le roi a convoqué deux des plus éminents musiciens du royaume: Ahmed El Bidaoui, virtuose du luth, et Salah Cherki, maître du kanoun. Car le souverain, ne l’oublions pas, aime aussi la musique marocaine et cherche toujours à la mettre en avant. Hassan II, conscient de l’exceptionnelle habileté de ces deux artistes, s’adresse avec une fierté royale à Ahmed El Bidaoui : «Ssi Ahmed, vous avez l’occasion unique de faire vibrer vos cordes devant l’un des plus grands compositeurs du monde arabe, Al Oustad Mohamed Abdelwahab. Faites honneur à votre roi, à votre instrument et à tous les musiciens marocains».
Par Anwar Cherkaoui
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