Le hasard fait parfois bien les choses. Initialement prévue au début de l’été, mais reportée à cause des élections françaises, la visite du président Macron au Maroc a pris des proportions inattendues, dépassant les prévisions les plus optimistes.
Après trois ans de crise, Emmanuel Macron est arrivé, le 28 octobre, pour une visite d’état, certes courte, mais extrêmement dense, avec Un agenda bien rempli. Accompagné de son épouse, Brigitte, le chef d’état français était flanqué d’une délégation pléthorique : pas moins de neuf ministres ont été du voyage, dont ceux de l’Intérieur (Bruno Retailleau), de l’Économie (Antoine Armand), de l’Éducation nationale (Anne Genetet) et de la Culture (Rachida Dati). Les dirigeants des groupes français Engie, Alstom, Safran, TotalEnergies, CMA CGM, Suez, Veolia et Thalès Alenia Space, ont aussi répondu présents. En plus du monde de la culture, avec Tahar Ben Jelloun, Leïla Slimani, Jamel Debbouze, etc.
LGV, investissement, eau, décarbonation, énergie, gaming… 22 accords ont été conclus lors d’une cérémonie officielle au Palais Royal à Rabat. Des accords qui ont notamment officialisé le choix d’Alstom pour l’acquisition ferme de 16 rames LGV, l’implantation d’un site de maintenance et de réparation de moteurs d’avion de l’opérateur Safran (pour près de 2 milliards de DH), et la création d’un accélérateur d’investissement maroco-français doté de quelque 3 milliards de DH de capitaux.
Pour la symbolique, et s’il ne fallait retenir qu’une image de cette très attendue visite d’Etat, le choix se fixerait sur deux instantanés chargés de symboles. Le premier est, bien entendu, celui de cette parade royale, en compagnie du Roi Mohammed VI, dans un extraordinaire bain de foule à travers les rues de Rabat. Le deuxième instantané est celui de l’allocution du chef d’Etat français, prononcée devant un Parlement archicomble : un événement en soi, puisque cela n’arrivé qu’à l’occasion des rentrées parlementaires, présidées par le roi en personne !
Macron a prononcé un discours destiné, en réalité, tant aux citoyens marocains…que français. À côté de l’incontournable tour d’actualité et de la question du cessez-le-feu tant attendu en Palestine et au Proche-Orient, le président a martelé d’une manière claire et sans équivoque le soutien total de la France à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Une position qui est venu mettre officiellement, et spectaculairement, à près de trois années de crise nourrie par des tensions plus ou moins souterraines, qui ont nettement obscurci le ciel des relations entre les deux pays. Sur le Sahara, E. Macron a notamment déclaré : «Pour la France, le présent et l’avenir de ce territoire (Sahara) s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. L’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue». Quant à la question du Proche-Orient, il n’a également pas manqué de mentionner la guerre à Gaza, mettant l’accès sur la nécessité d’un cessez-le-feu. «La France n’a eu de cesse de le demander depuis novembre dernier un cessez-le-feu pour libérer les otages, pour protéger les populations et permettre enfin à l’aide humanitaire de parvenir dans la bande de Gaza. Au Liban également, il faut un cessez-le-feu et l’arrêt des opérations militaires. Nous y œuvrons depuis plusieurs semaines, en lien avec nos partenaires américains et plusieurs autres. Et c’est pourquoi, en cohérence avec cette position, j’ai appelé à ce que cessent les exportations d’armes aujourd’hui utilisées à Gaza, en Cisjordanie et au Liban».