La dernière lubie de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies, M. Staffan De Mistura, est le partage du Sahara comme solution du conflit. Cela rappelle, à certains égards, ce qui était appelé la quatrième solution, dévoilée par James Baker et soufflée par les hautes instances de la Mouradia de l’époque, en 2002. On s’était empresséde crier au sacrilège, et de dire jamais, au grand jamais, une telle proposition n’a été soufflée par Alger, car à Alger on défend un principe et on ne peut s’abaisser à des marchandages. Il faut croire.
On rappellera pour la circonstance, devant le camouflet que la diplomatie algérienne avait subi par l’indiscrétion de Baker, que le regretté Bouteflika a fait le déplacement aux camps de Tindouf, le 28 février 2002, pour calmer les ardeurs des maîtres du Polisario, relégués à des marionnettes, pour qui on négocie et on décide. C’était une première qu’un chef de l’Etat algérien se rendît aux camps de Tindouf.
Le roi Mohammed VI, par la force des symboles,s’est rendu, dans la foulée, à Dakhla où il avait présidé un conseil des Ministres (feu Yousssoufi était alors Premier ministre), puis à Laâyoune où il a prononcé un discours, le 6 mars, sur la grande place d’al-Wala, clamant que le petit-fils de Mohammed V et le fils de Hassan II ne lâcherapas une parcelle du Sahara.
Nous connaissons la rengaine de ce qui semble être l’argument massue de la diplomatie algérienne : mais vous avez effectué le partage avec la Mauritanie, en vertu des accords de Madrid. Où est l’anomalie donc quant à un autre partage ?
Il faudra rappeler ce qui a été dit par feu Boumedienne, en huis clos, à Rabat en 1974, en marge d’un sommet arabe (les enregistrements sont disponibles) : l’Algérie ne pouvait que bénir un accord entre le Maroc et la Mauritanie (sic), et l’Algérie n’avait aucune prétention sur le Sahara.
Deuxième argument : ce qui était fait avec la Mauritanie, c’est-à-dire le partage, ne peut être fait avec d’autres, parce que nous partageons une mémoire commune avec la Mauritanie, une texture culturelle et spirituelle similaire, à l’image de l’Allemagne et l’Autriche.
Troisième argument d’ordre géopolitique, et on ne peut reprocher à un pays de défendre ses intérêts stratégiques : un couloir tampon d’un mètre de largeur, un mètre seulement, qui séparerait le Maroc de la Mauritanie, coupera le Maroc de sa profondeur stratégique et l’étouffera.
L’idée du Sieur Mistura est à rejeter. Dans d’autres circonstances, on aurait brandi la chimère idée du Maghreb des peuples ou des Etats, peu importe, où toutes les sensibilités fonderaient dans un grand ensemble. On n’y est plus.
Il est impératif de redonner un lustre aux relations maroco-mauritaniennes, économiquement, culturellement, spirituellement, et particulièrement dans les provinces du sud. C’est peut-être la meilleure réponse à la mauvaise idée de M. De Mistura et à ses souffleurs.
Pourquoi même ne pas rêver d’une confédération maroco-mauritanienne ? Le Royaume-Uni de la Grande Mauritanie. Why not ! Une piste à explorer.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane