Voilà (déjà) neuf numéros que Zamane a rencontré ses premiers lecteurs. De «L’histoire méconnue des fascistes marocains» (n°1) à «Monarchie et constitution» (n°6), en passant par «Pourquoi le Maroc n’est pas chiite» (n°3), Zamane s’est peu à peu installé dans le paysage médiatique marocain. Notre pari est certes loin d’être gagné, mais, déjà, le besoin se fait sentir de partager avec vous nos premiers motifs de satisfaction. L’aventure était inédite et donc risquée, elle réclamait votre indulgence, ou du moins votre bienveillance. Et c’est aujourd’hui notre principale fierté : avoir trouvé un lectorat dont l’intérêt, au fil des mois, ne s’est pas démenti. En témoignent le niveau de nos ventes qui, sur un tirage de 10 000 exemplaires pour les premiers numéros, a parfois dépassé la barre des 9500 lecteurs. Ce succès massif auprès du public ne doit pas masquer une autre de nos fiertés, celle d’avoir réussi jusqu’ici à fidéliser la communauté ô combien précieuse des historiens, marocains ou étrangers.
Mais trêve d’autosatisfaction, les obstacles à surmonter et les écueils à éviter sont encore légion. Loin de nous la certitude de détenir une quelconque vérité historique. Nous sommes, au contraire, convaincus que l’Histoire – a fortiori celle que vous lisez chaque mois dans Zamane – n’est jamais neutre. Notre intention est bien sûr de partager une passion, mais également de contribuer à l’épanouissement d’un Maroc pluriel, ouvert au débat et réfractaire aux dogmatismes de tous bords. Ainsi, l’Histoire est pour nous une fenêtre sur l’actualité, la clé d’une meilleure compréhension des enjeux du temps présent, surtout dans un pays comme le Maroc, qui se targue d’être l’un des rares au monde à s’enrichir d’une histoire aussi ancienne. Pour nous Marocains, l’Histoire est ainsi souvent vécue comme un refuge, un remède à l’humiliation du sous-développement. Qui n’a pas conscience de la glorieuse histoire de nos ancêtres ? Qui, aujourd’hui, face à l’apparent triomphe de l’Occident, ne convoque pas la fierté d’Al-Andalus et de l’âge d’or musulman ? Cet intérêt des Marocains pour l’Histoire, peut-être unique dans la région, nous l’avons compris et voulons en tirer parti, non pas pour flatter notre gloriole nationale, mais pour contribuer à l’affirmation d’une identité marocaine encore en construction, fondée sur la diversité, et trouvant sa source dans une terre carrefour de civilisations.
Aux lecteurs et à tous ceux qui nous ont fait confiance, historiens, journalistes et annonceurs, nous redisons merci pour ce bout de chemin parcouru ensemble, que nous espérons encore long et mutuellement enrichissant. Bonne lecture !
Par Youssef Chmirou
Directeur de la publication