Mohammed Bensaïd Ait Idder est un personnage incontournable de la vie politique marocaine. Résistant, homme de gauche, chef de parti, député et figure d’opposition, il a été de tous les combats pendant plus de 65 ans d’action militante. Dans cet entretien à «Zamane», Ait Idder revient sur des pans et épisodes de sa vie, où l’on voit défiler l’évolution politique du Maroc moderne.
Vous êtes originaire d’une famille modeste de la région de Souss où vous avez poursuivi vos études dans des écoles coraniques avant de partir à Marrakech. Quels étaient vos premiers rapports avec la vie politique ?
Au milieu des années 40, j’ai pu profiter de l’ouverture politique amorcée par le résident général Eirik Labonne qui a mis fin à l’exil de certains dirigeants nationalistes. Parmi ces derniers figurait Mokhtar Soussi, que j’ai pu rencontrer lors de son exil à Illigh, dans le Souss. Il m’a proposé d’étudier à Marrakech. En 1946, j’ai quitté alors mon village de Tinmensour, pour rejoindre tout d’abord l’école de la confrérie Darkaouia et, deux ans après, le lycée Ben Youssef de Marrakech. Avant cette période, je vivais dans un isolement total à l’égard de ce qui se passait au Maroc, à part quelques échos de la Guerre mondiale qui nous parvenaient d’Ifni. Je me rappelle que le sentiment populaire était favorable aux pays de l’Axe, par hostilité vis-à-vis de la France, qui occupait le Maroc.
Étiez-vous au courant pour le Manifeste d’appel à l’Indépendance en 1944 ?
Non, pas du tout ! À l’époque, les télécommunications n’étaient pas développées et la radio n’existait pas encore. Au lycée Moulay Youssef, les enseignants étaient très conservateurs et évitaient d’évoquer les affaires politiques. Mokhtar Soussi nous recommandait de nous concentrer sur les études. Heureusement, j’avais un camarade de classe, originaire de Khémisset, qui était cultivé et ouvert sur le monde. Il m’a incité à lire la presse et, grâce à lui, j’ai été au cinéma pour la première fois de ma vie. Je me souviens que j’achetais le quotidien Al Alam. Il fallait patienter dans une longue file d’attente pour acheter ce journal, afin d’être informé sur les événements qui secouaient la Palestine en 1948.
Propos recueillis par S. Bellaouali, M. Bouaziz et M. Monjib
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Dépoussiérant les dossiers de cette période et potassant les,s’ils existent encore,ou recourant aux témoignages des personnes qui ont vécu cette sombre période de la lutte pour L’Indépendance,s’ils vivent encore, transformée en lutte à mort pour le contrôle et la mainmise sur le pays,ou simplement analysant en recoupant les différents rapports laissés par les uns et les autres, dont on dispose, pour mettre la lumière sur les faces cachées Du Zamane de notre pays.