«La mer est derrière vous, l’ennemi est devant vous». La légendaire citation attribuée à Tarek Ibn Ziyad est chargée de symboles. Elle incite d’abord les troupes musulmanes à envahir la péninsule ibérique en faisant appel au courage des combattants. Mais elle joue également sur une autre sensibilité, cette fois liée à la peur. Selon la légende, le chef musulman aurait fait brûler les navires qui ont permis de la traversée du détroit qui porte son nom. De fait, les troupes n’ont plus que deux choix : affronter des hommes ou affronter la mer. Les Marocains choisissent la guerre. Tout au long de l’histoire, cette crainte de l’océan, de la mer ou de vastes étendues d’eau est une réalité qui place cet élément naturel au cœur des préoccupations de notre population. Appelée aujourd’hui l’aquaphobie, cette crainte ne se limite pas à la peur de nager, mais à tous les malheurs supposés apportés par les mers. Ainsi, la mythologie populaire est garnie de récits à ce sujet. De nombreux mausolées sont bâtis face à la mer afin qu’ils assurent la protection des populations face aux fléaux maritimes. Dans le passé, mer et océan étaient aussi appelés sultan. C’est pourquoi les sultans (humains) naviguent seulement sur les voies fluviales pour que deux «sultans» ne se retrouvent pas à partager le même espace. Un moyen peut-être de justifier la peur de naviguer avec le risque que le souverain se noie. Avant Rabat et le XXème siècle, toutes les capitales impériales se trouvent à l’intérieur des terres, loin de l’espace maritime. Cette fois, la principale raison est bien rationnelle. A partir du XVème siècle, la menace majeur vient effectivement de la mer et est incarnée par les vaisseaux des puissances européennes avides de conquête. Une peur de la mer parfaitement justifiée.
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