On devient enseignant universitaire comme on devient père ou mère, sur le tas en intériorisant les bonnes et les mauvaises dispositions.
Nous, enseignants universitaires, parlons peu de nos expériences pédagogiques. Nous sommes isolés avec nos étudiants dans des salles ou des amphis. Personne de l’extérieur n’est au courant de la manière dont se déroulent nos cours ou nos séminaires. Quand j’enseignais à Londres, j’ai signé un contrat en vertu duquel je consentais à être enregistré à mon insu. Toutes les salles étaient équipées de caméras très visibles.
Avec l’enseignement à distance, qu’impose l’actuelle crise sanitaire, l’enseignant sera de moins en moins à l’abri des regards, et de moins en moins confiné dans sa classe. Par curiosité, j’ai regardé des parties de cours transmises par des chaînes de télévision nationales, en droit, en philosophie, en économie, en sociologie. C’est ennuyeux de suivre un conférencier qui lit des slides ou récite un cours sur un ton monotone. Nous devons saisir cette malencontreuse opportunité pour sauver nos jeunes enseignants, revoir nos manières d’enseigner, réfléchir l’usage de moyens didactiques, anciens et nouveaux. Ceci engage la qualité future de notre enseignement universitaire. En attendant, j’aimerai déroger à mon confinement pédagogique, et partager avec vous une réflexion sur ma pratique d’enseignant, comment je me suis débrouillé pour dépasser une pédagogie qui domine encore dans nos universités. C’est dans l’échange, et non dans les recettes pédagogiques autoritaires, que chacun de nous peut se frayer son propre chemin.
Par Hassan Rachik
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