Il y a entre Paris et Alger un lien indéfectible, entaché certes par vicissitudes et tumultes.
L’Algérie renvoie, pour la France, à «l’Algérie française», séquence synonyme de grandeur et de grand dessein ; et de l’autre côté, on maintient une ambivalence avec la puissance colonisatrice, faite d’attraction-répulsion, et aucunement d’indifférence ou de banalité. C’est la France qui a réveillé un corps en torpeur, c’est elle aussi qui l’a violenté. C’est elle qui était le pont vers un passé antérieur, qui pourrait être un avenir radieux. Elle avait déterré Saint Augustin et a voulu faire d’Alger une nouvelle Cordoue. Le plus beau pays du monde, disait Camus, s’il n’y avait pas un passé composé, lourd et compliqué.
«Ne vous détrompez vous», me disait, un jour, un diplomate français en poste à Rabat, né à Tlemcen, féru d’Al Hallaj et fin connaisseur de la Minora de Massignon, «autant vous n’avez pas oublié l’Andalousie, autant on ne peut oublier l’Algérie. Elle est notre Andalousie».
Pour s’en convaincre, il faudrait lire le livre de Naoufel Brahimi El Mili : «France-Algérie, 60 ans d’Histoires secrètes». Un véritable PV, sur les écheveaux de relations compliquées, en dents de scie, entre les deux pays. L’apparent, tout le monde le connaît : la France source des maux de l’Algérie, et tralala… Ce qui échappe aux yeux s’apparente aux turbulences de l’enfant terrible. Deux générations après l’indépendance de l’Algérie, on est moins dans l’affect. L’Algérie est dans la France, sociologiquement et historiquement, et la France est dans l’Algérie, dans ses structures, sa culture, mais surtout dans un recoin de sa psyché collective.
Commençons par l’histoire de l’enfant prodige de la France qui cherche un dessein, un certain Emmanuel Macron… Paris vaut bien une messe. Et la messe passe par Alger.
Par Hassan Aourid
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