Le roman de Mohammed Leftah, Le dernier combat du Captain Ni’mat, publié à titre posthume aux éditions La Différence, est plus qu’un livre sur l’homosexualité : c’est le livre du combat permanent entre l’individu et le groupe.
Comment lire un roman ? Nous n’avons pas de réponse complète et définitive à cette question, même si nous savons que toutes les lectures, comme tous les romans, ne se valent pas. Pourtant, il est possible d’essayer de comprendre un texte non par ce qu’il semble afficher, donner à lire dans son immédiateté, mais plutôt par ce qu’il cache, ce qu’il invite à découvrir par soi-même, dans le secret des rencontres matérielles et immatérielles. « Dans un bon roman, ce n’est pas l’intellect qui doit briller, mais autre chose : une beauté surgie des formes », disait Juan Faneca Roca. Toutes ces questions accompagnent la littérature et, de temps à autre, la bousculent, l’idéalisent ou au contraire l’asservissent. Un livre aujourd’hui pose problème à la communauté académique des lettres et, du bout des lèvres, on murmure tantôt la liberté d’écrire sur tous les sujets, tantôt le devoir de fixer des limites au réalisme quand celui-ci va fouiner dans les fonds cachés de notre humanité, nos ultimes contradictions. Le dernier combat du captain Ni’mat (2011), publié aux éditions La Différence, révèle à titre posthume un écrivain déjà consacré mais, surtout, jette un pavé dans la mare. La littérature s’invite sur un terrain mouvant, dans une société jalouse de ses traditions, de ses croyances, de son intolérance.
Mustapha Bencheikh
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