Le politologue Youssef Belal signe aux éditions ENS Lyon le cheikh et le calife, un essai qui ne manquera pas de faire date.
Le cheikh et le calife est un ouvrage académique dont l’ambition avouée est de prendre à revers un ensemble d’études consacrées aux mouvements islamistes qui, de l’avis de l’auteur, « entendent analyser un phénomène spécifique à une religion sans jamais mettre le religieux au centre de leur approche ». On connaît le débat controversé que suscite aujourd’hui la mouvance politique islamiste dans le monde, dont pourtant l’homogénéité, les caractéristiques, l’histoire, sont loin d’être communes et de faire l’unanimité. L’appel de Youssef Belal sonne juste et le livre fouillé, nourri auprès des principaux acteurs, sait garder la distance nécessaire du chercheur, aussi bien vis-à-vis des protagonistes que d’un certain discours supposé dominant. Ce livre arrive également à point. Le monde arabe est en effervescence et les mouvements islamistes, sans en être les instigateurs, ont su prendre le relais et s’affirment, de plus en plus, comme des forces incontournables. La presse, dans son immédiateté naturelle, a abreuvé notre quotidien d’informations, de débats et d’entretiens, mais il lui manque cette vision qui s’appuie sur une tranche d’histoire et qui sait restituer un univers de pensée au travers d’une recherche poussée, qui décline son approche et allie rigueur sociologique, informations et interprétations. Bien sûr, Youssef Belal n’est pas le seul à aborder cette thématique à travers une approche moins stéréotypée. Juste avant son livre, sortait du bois L’Occident, Est-ce le crépuscule ?, de Hassan Aourid, qui jouait à sa manière une musique moins consensuelle et plus iconoclaste et réclamait justice aussi pour le discours religieux musulman.
Par Mustapha Bencheikh
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