L’Algérie était « pacifiée » depuis longtemps, la France ne pouvait donc expérimenter ses avions qu’au Maroc, où la pacification tardait à se concrétiser. Les populations civiles, du Rif à l’Atlas, paieront le prix de ces expérimentations.
On attribue généralement aux frères américains Wright le mérite d’avoir procédé au premier vol, le 17 décembre 1903. Très vite, de nombreux hommes politiques et militaires imaginèrent que cette invention pouvait devenir une arme de reconnaissance et/ou de bombardement dans les guerres à venir. Ce fut particulièrement vrai lors des conflits coloniaux. L’utilisation de l’aviation fut vite perçue par les stratèges militaires comme un moyen radical de terrasser les rebelles qui, eux, évidemment, ne pouvaient riposter sur ce terrain. En 1911, le sultan Moulay Hafid, en proie à des dissidences intérieures, fait appel à la France. Avant même l’instauration du Protectorat (mars 1912), l’armée, et donc l’aviation, s’installent au Maroc. Une base est implantée à Oujda dès 1911. La presse spécialisée s’enthousiasme : « La vue seule de ces engins frappera d’abord de terreur les Marocains… » (in «Revue Historique des Armées, n° 1, 2000»). Un raid, destiné à éclairer la marche d’une colonne française et effrayer, puis disperser les groupes dissidents, est effectué par un certain Julien Servies, le 14 octobre 1911. C’est, semble-t-il, le premier à vocation militaire (cependant sans bombardement) de toute l’histoire de l’aviation.
Par Alain Ruscio
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