La dernière résolution votée par le Conseil de Sécurité des Nations Unis, le 29 octobre dernier, a étonné quelques observateurs. La Tunisie est l’un des deux pays à s’être abstenus de valider un texte plutôt favorable à Rabat. Toujours en quête d’une «neutralité positive» dans ce dossier, la position de la Tunisie est-elle vraiment une surprise ?
Un vote jugé hostile à Rabat. Puis une déclaration dans la foulée. Tunis dit accueillir «favorablement la résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies». Toute l’ambigüité de la position tunisienne tient dans cette communication officielle. L’abstention du délégué tunisien lors de la séance de vote de la résolution 2602, du Conseil de sécurité de l’ONU, est le dernier exemple d’une politique de funambule. Considérée comme le petit poucet du Maghreb, la Tunisie a toujours du «dribbler» les susceptibilités des uns et des autres. Un véritable terrain miné que le pays de Bourguiba tente d’éviter depuis les indépendances, avant même l’apparition du conflit du Sahara. Tunis s’était déjà retrouvée en porte-à-faux vis-à-vis de Rabat sur la question brulante de la Mauritanie, à l’origine revendiquée par le Royaume. En novembre 1960, l’ambassadeur de Tunis à Rabat sollicite une entrevue avec le roi Mohammed V. Il y remet au souverain une lettre de Habib Bourguiba dans laquelle il explique à son homologue marocain son intention de, non seulement reconnaitre le futur Etat mauritanien, mais aussi de parrainer sa candidature dans les instances onusiennes. Les relations diplomatiques sont aussitôt rompues. Elles ne se normaliseront que 9 ans plus tard.
Les années 1970 sont celles de l’explosion du conflit du Sahara, dans lequel la Tunisie tente d’afficher une stricte neutralité. Du point de vue de Bourguiba, fervent partisan de l’Union du Maghreb Arabe, la position est délicate d’autant qu’il partage une frontière de plus de 1000 kilomètres avec l’Algérie.
Durant les années 1980, ce sont cette fois les relations entre Alger et Tunis, qui soupçonne son voisin de l’Ouest de complicité lors de l’attaque de la base militaire tunisienne de Gafsa par un commando venant de Lybie, qui se tendent. Aujourd’hui, Tunis, qui traverse une période de turbulences politiques, semble surtout soucieuse de préserver ses relations stratégiques avec Alger. Le pays du jasmin, dépendant du gaz algérien qui traverse son territoire via le Trans-Mediterranean Pipeline est en effet peu enclin à risquer de froisser son voisin algérien, qui a prouvé être capable de couper les robinets à la moindre contrariété…