Emmanuel Macron emboîte le pas à Donald Trump dans sa reconnaissance de la marocanité du Sahara. Ce qui constitue une belle victoire pour la diplomatie marocaine. En attendant d’autres…
En s’alignant sur la position marocaine sur la question du Sahara occidental, Emmanuel Macron signe un tournant majeur dans la politique française au Maroc. Dans sa lettre au roi Mohammed VI, le président français a reconnu que le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée», ajoutant également qu’il considère «le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine».
Le Maroc a officiellement salué, via un communiqué du cabinet royal, cette «clarification» qui confirme définitivement le réchauffement des relations entre le Maroc et la France. L’initiative du président Macron est d’autant plus importante que la France traverse une crise politique sur le plan intérieur. Quant au contexte régional, et sur un plan géostratégique pur, Emmanuel Macron a pris le risque de causer une crise ouverte avec l’Algérie. Comme on pouvait s’y attendre, Alger a en effet annoncé le retrait « avec effet immédiat » de son ambassadeur à Paris quelques heures après l’annonce.
Si cette évolution n’a pas reçu l’approbation de toute la classe politique française, notamment dans certains partis de gauche, elle a été saluée par la droite, où la démarche d’Emmanuel Macron a été bien accueillie. «Il était temps de tenir compte des réalités et de sortir d’une ambigüité stérile», a estimé le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains, LR), dans un communiqué jugeant cette évolution « incontournable ». La patronne du Rassemblement national a, elle aussi, approuvé la démarche de Macron. «Le gouvernement français n’a que trop tardé pour reconnaître l’engagement constant du Maroc depuis des décennies dans la stabilisation et la sécurisation du Sahara occidental, partie intégrante du royaume chérifien», a-t-elle déclaré sur Twitter.
Il faut dire que sur les dernières années, le Maroc a remporté plusieurs batailles. En réussissant à rallier les états-Unis à sa cause lors de l’accord tripartite, conclu fin 2020 par Donald Trump, et qui engage le Maroc à normaliser ses relations avec Israël, il s’est doté d’un argument imparable pour négocier avec d’autres puissances mondiales. Mais il semble que l’élection de Joe Biden en 2020, ainsi que la guerre à Gaza et la politique radicale de Benjamin Netanyahou avaient quelque peu mis en stand-by l’élan des accords d’Abraham.
En revanche, la dynamique actuelle de la campagne présidentielle aux états-Unis laisse présager un retour au pouvoir de Trump en novembre prochain. Le Maroc a d’ores et déjà affiché son soutien au candidat, d’une certaine manière. Le roi Mohammed VI a adressé un message à Donald Trump, dans lequel le Souverain lui exprime sa sympathie et sa solidarité, suite à la tentative d’assassinat dont il a été victime, mi-juillet, lors d’un meeting électoral à Butler, dans l’État de Pennsylvanie.
Le roi avait condamné fermement la violence, souhaitant à Donald Trump «un prompt rétablissement afin que vous puissiez continuer à servir votre grande nation». Affaire à suivre…