Le démantèlement des cellules terroristes se suivent et ne se ressemblent pas. Le dernier en date, courant février 2025, est d’une ampleur quasi-inédite.
C’est le 19 février que les services du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) ont pu démanteler le réseau dit des «Lions du califat au Maghreb al-Aqsa». La dénomination de la cellule ne laisse aucune place au doute, quant à ses liens avec l’organisation terroriste Daech ou E.I (état islamique), et l’une de ses «filiales» dans la région du Sahel, comme l’a confirmé un communiqué officiel de l’Etat marocain.
Ce nouveau coup de filet, qui vient quelques jours à peine après celui de Had Soualem (banlieue sud de Casablanca), fin janvier, équivaut à une sonnette d’alarme. Son ampleur est sans précédent. Au-delà du nombre d’individus interpellés (douze), c’est surtout l’arsenal de guerre découvert et la répartition quasi-nationale de ses membres qui dénote.
Les arrestations, comme l’a communiqué le BCIJ, ont eu lieu dans neuf localités différentes et éloignées les unes des autres : de Casablanca à Laâyoune, et d’Azemmour à Guercif, en passant par Fès, Tanger, Taounate, Oulad Teima et Tamesna. Pratiquement l’emble du territoire national semble ainsi avoir été «encadré» et quadrillé. Ce qui laisse supposer, d’une part l’ancienneté du réseau, d’autre part l’importance des moyens de communication entre les uns et les autres…
L’autre élément inédit concerne le butin de guerre qui a été découvert par les éléments du BCIJ, en collaboration avec la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Caches d’armes, pistolets, fusils, kalachnikov, etc. En plus de bonbonnes de gaz modifiées, reliées à des tuyaux et à des fils électriques, et connectées à des téléphones portables (attentats à distance)…
À signaler aussi que certaines armes découvertes, notamment près de Boudnib (province d’Errachidia), pourraient provenir du Mali. Ce qui montre, là encore, les ramifications tentaculaires du projet terroriste… Selon le BCIJ, l’opération de démantèlement a nécessité plus d’un an de surveillance, de suivi, de filatures et de recoupements. Ce qui est un autre indice quant à la gravité du projet terroriste en préparation. Selon la même source, les individus interpellés, qui ont prêté allégeance à Daech, et qui agissaient «à l’instigation et sur incitation directe d’un ressortissant libyen, haut dirigeant de l’organisation opérant dans la région du Sahel», visaient une série d’attentats sur le sol marocain.
Pour les enquêteurs comme pour les observateurs, la menace terroriste n’est pas une nouveauté au Maroc, comme ailleurs. Mais sa recrudescence, voire son amplification, méritent d’être analysées. Le réseau internet et le développement des plateformes qui servent tant de recrutement que d’endoctrinement et de moyens de communication entre jihadistes en herbe, est une piste. D’autres pistes méritent tout autant l’attention des enquêteurs et des chercheurs.