«Sebsi» (pipe), « caïd sebsi », tissu sbaysi… Des mots qui nous sont familiers, mais qui nous paraissent sans lien. On sait qu’ils dérivent du mot « Spahi », qui, lit-on dans les dictionnaires, est d’origine turque pour désigner un cavalier maghrébin. Mais, le mot «spahi» français n’est que l’altération du mot « isbahia » dans les parlers maghrébins. Ainsi, caïd al-isbahia, chez le sultan Ahmed al-Mansour, désignait le chef de la cavalerie. Le mot «isbahia» a donné Spahi en français, lequel a donné « sebsi » en maghrébin. Le chef de cavalerie est désormais appelé « caïd sebsi ». Les cavaliers avaient l’habitude de fumer et on désignait la pipe, par le corps qu’ils représentaient. Le tissu qu’ils portaient était de bonne facture et jusqu’à aujourd’hui, on utilise au Maroc l’expression «djellaba sbaysia» pour désigner une belle djellaba, avec une coupe particulière. Mot donc d’origine turque ? Non, car le Cipaye (Spahi) n’est lui-même que l’altération du mot arabe Safaïh qui désigne « cuirasse ». Le « f » et le « P » sont interchangeables. De l’arabe, il est passé au turc, et du turc au français, et du français aux parlers maghrébins, et chaque fois son sens glisse.
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