Comptoir à grande affluence, Saint-Louis attire dès la fin du XIXe siècle des dizaines de commerçants de Fès qui finissent par s’y installer. Retour sur une des migrations marocaines les plus réussies.
Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe », a dit une fois le défunt roi Hassan II, non sans raison d’ailleurs. Car bien avant leurs migrations massives durant la seconde moitié du XXe siècle vers l’Europe, de nombreux Marocains, pérennisant une certaine tradition caravanière, ont tenté leur chance de l’autre côté du Sahara. Certains posèrent leurs bagages au bord du fleuve Sénégal, plus précisément à Saint-Louis, l’ancienne capitale du Sénégal. Au début du XIXe siècle, la ville de Saint-Louis est un important comptoir commercial. Ndar, en langue Wolof, est de plus la capitale de ce qu’on appelait à l’époque «l’Afrique occidentale française». Ville coloniale par excellence, elle était par le passé un important centre du commerce de l’or et d’esclaves. Lorsque les premiers commerçants marocains débarquent, les affaires sont plus que jamais florissantes dans cette ville surnommée la Venise d’Afrique. Comme le confirme Mohammed Farsi, président du Conseil national des Marocains du Sénégal, «les premiers Marocains sont arrivés en 1896». Et la légende veut que le premier commerçant marocain installé à Saint-Louis soit un certain El Ktiri. Après un pèlerinage à la Mecque, celui-ci, habillé à la marocaine, aurait été approché par un Mauritanien qui lui aurait conseillé de partir au Sénégal commercialiser les habits et autres produits artisanaux marocains.