Dans une chronique publiée sur son blog le 19 octobre, l’ancien président du MUR, Ahmed Raissouni, ne mâche pas ses mots en s’en prenant directement aux militantes pour les libertés individuelles, les qualifiant de « perverties et égarées ». La sortie médiatique du théologien, après un long silence, intervient quelques jours après la libération par grâce royale de sa nièce, la journaliste Hajar Raissouni. Celle-ci avait été poursuivie pour « avortement » et « relations sexuelles hors mariage », deux accusations qu’elle réfutait, en compagnie de son fiancé mais aussi du staff médical impliqué, eux aussi arrêtés et condamnés.
Intitulant ironiquement sa tribune, « Je suis pour les libertés individuelles », l’actuel président de l’Union internationale des oulémas musulmans déclare avoir vu « des femmes immorales brandissant des pancartes dans lesquelles elles déclarent avoir eu des relations sexuelles « haram » et ont eu recours à un avortement « haram ». Aveuglées, elles se sont égarées dans le chemin menant au sexe sacré. Elles sont devenues folles et elles ont réclamé haut et fort « le sexe profane », écrit-il, en référence au sit-in du 2 octobre dernier devant le parlement, mais aussi collectif « Hors-la-loi », demandant l’abrogation des lois liberticides portant atteinte aux libertés individuelles.
Le réquisitoire du théologien le mène jusqu’à verser dans l’ad hominem, proférant des insultes à l’encontre des militantes, dont selon lui, « la situation indique qu’elles n’auront jamais accès au sexe ni Halal ni Haram ».
Graciée le 16 octobre dernier, Hajar Raissouni n’a pas tardé à réagir à la chronique de son oncle. Sur un post Facebook, elle prend ses distances avec l’ancien président du MUR, écrivant notamment : « Tout le monde sait que nous avons des positions et avis totalement différents ». Pour la journaliste de Akhbar Al Yaoum, « Ahmed Raissouni a des positions qui ne sortent pas du cadre théorique et idéologique, que je sois en prison ou pas », pour préciser que son oncle ne deviendra pas libéral pour ses beaux yeux.
Dans le sillage du débat concernant les libertés individuelles, le collectif « Hors-la-loi », auteur notamment du manifeste des 490, a pour sa part assuré qu’il « allait maintenir son élan et se saisir de tous les outils mis à sa disposition par la Constitution et les nouveaux canaux de mobilisation, pour que ces lois arbitraires et moyenâgeuses soient enfin abrogées ».