Le Maroc est souvent nostalgique de l’expérience politique menée sous le gouvernement de Abdellah Ibrahim. L’homme, idéaliste et progressiste, a pris ses fonctions de Président du Conseil du gouvernement en décembre 1958. Un an et demi plus tard, lui et la majorité de son équipe gouvernementale sont sèchement renvoyés par le roi Mohammed V. C’était donc le 2O mai 1960, une décision rendue effective dès le lendemain. Jusqu’à aujourd’hui, les raisons de ce renvoi demeurent obscures. Le monarque déclarera quelques jours plus tard : «Nous avons, dans notre souci de sauvegarder la stabilité du pouvoir et l’unité de la nation, préféré prendre les choses en main et diriger les affaires de l’Etat par l’intermédiaire de notre prince héritier». Le futur Hassan II reprend donc les commandes au détriment des cadres de l’UNFP, un parti sans doute jugé révolutionnaire par les forces conservatrices. L’expérience du gouvernement de Abdellah Ibrahim est devenue, avec le temps, un fantasme pour une grande partie de la gauche marocaine.
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