Tandis que le monde pleure ses morts et juge les criminels nazis, Paris fait face à sa première guerre de décolonisation. Elle se déroule dans l’Est asiatique dans la région appelée Indochine par les colons entre 1946 et 1954. Conquis par l’empire français entre 1858 et 1896, ces territoires regroupent les Etats actuels du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Comme dans tous les théâtres d’opérations militaires de la France, les armées coloniales sont utilisées en masse. Parmi elles, des milliers de soldats marocains. La plupart sont des jeunes ruraux enrôlés de force ou engagés volontaires dans le but d’assurer leurs subsistances. Face à la résistance menée par leader vietnamien Hô Chi Minh, certains d’entre eux se laissent convaincre et abandonnent l’armée coloniale. La déposition du sultan Ben Youssef en 1953 ne fait qu’accélérer le transfert de ceux qu’on appelle les «Marocains d’Hô Chi Minh». En mai 1954, la bataille de Diên Biên Phu sonne le glas de la présence française. Il faut pourtant attendre le 15 janvier 1972, pour voir plus une cinquantaine d’anciens soldats marocains d’Indochine atterrir sur la base aérienne de Kénitra. Ils sont accompagnés de leurs familles fondées pendant les 22 années passées au Vietnam. D’autres, à peine une dizaine, sont restés sur place. Les raisons de ce retour tardif s’expliquent dans un premier temps par l’attente de l’Indépendance du Maroc qui n’est effective qu’en 1956. Ensuite, des difficultés administratives et diplomatiques seraient la cause de la lenteur du rapatriement. Entre temps, les Marocains d’Hô Chi Minh ont su laisser leur trace. D’abord par la construction d’un édifice appelé «Bab Al Maghariba», une porte bâtie à la fin des années 1950 dans la jungle près de Hanoï selon la plus pure tradition architecturale marocaine. L’autre patrimoine, immatériel cette fois, consiste en l’émergence de familles maroco-vietnamiennes, symboles de l’épopée des soldats chérifiens en terre d’Indochine. La plupart des soldats rentrés en 1972 se sont donc installés près de Sidi Yahia. Leurs épouses vietnamiennes ont appris, malgré elles, à s’imprégner de la vie rurale marocaine. Elles sont aujourd’hui les derniers témoins de ce terrible déracinement.
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Mon père a servi la France comme goumier sans avoir ces droit