L’aide humanitaire apportée par le Maroc, sur les fonds propres du souverain Mohammed VI, à la population sinistrée et endeuillée de Gaza,a été hautement appréciée tant par la population gazaouie que par leurs différents représentants du peuple palestinien. C’est plus qu’une aide, mais un réengagement sur l’épineux dossier du Moyen-Orient.
Le Maroc y était engagé alors qu’il était quasiment impossible d’entrevoir une quelconque lucarne, et a été souvent incompris, voire fustigé. La suite lui a donné raison. La paix était à l’ordre du jour et on œuvrait, de part et d’autre, à réunir les protagonistes pour une solution juste, globale et pérenne. L’intransigeance de la droite israélienne a sabordé un long processus patiemment construit, contre vents et marées.
On rappellera qu’après la deuxième intifada (2000) et la répression qui s’en est suivie, le Maroc a mis fin au bureau de liaison israélien à Rabat.
Il y a autant de constantes sur l’engagement ferme et sans équivoque auprès du peuple palestinien, qu’une vision réaliste, voire constructive, pour tisser les fils de la paix.
Ces deux constantes déterminent la politique du Maroc vis-à-vis de la question palestinienne. Gaza et Taza se marient bien, n’en déplaise à quelques marchands de mots qui ont vendu le slogan creux de «Taza avant Gaza». Taza n’a pas été servie, pour autant. Cela dit en passant.
Dans le brouillamini que connait le monde, le Maroc n’a pas à se désengager du dossier du Moyen-Orient. Il est une pièce crédible et qui, comme on dit dans le jargon d’aujourd’hui, fait la différence. Le bruit des canons finira pas s’éteindre, certes sur des blessures et des cicatrices, mais il faudra réenclencher le processus de paix : panser les blessures et reconstruire, d’abord, puis relancer le processus de la paix sur la base des fondamentaux, à savoir deux états vivant côte à côte, dans le respect mutuel. Un nouvel Israël émergera de cette guerre meurtrière qui tranchera certainement avec la vision des fiers-à-bras des ultranationalistes. C’est sur cette perspective qu’il faudra parier.
Il ne faudra pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Le Maroc est l’un des rares pays dans la région à disposer d’un capital à même de réanimer le processus de paix, sérieusement atteint certes, mais qui n’est pas mort.
Les Palestiniens savent plus que d’autres que le Maroc est désintéressé sur la question palestinienne, les Israéliens connaissent les orientations du Maroc qui constituent pour eux une caution, et les Occidentaux, qui ne sont plus seuls maîtres à bord, à supposer qu’ils parlent d’une même voix, savent que le Maroc est crédible pour porter leurs préoccupations et être l’interprète de leurs attentes.
Un pays européen est en train de marquer des points sur le dossier du Moyen-Orient, avec lequel nous partageons la géographie, l’histoire, voire la psyché collective, en l’occurrence l’Espagne. On gagne autant que lui à parler d’une même voix, à se partager les informations et à parrainer des initiatives communes.
L’initiative royale d’aide à la population de Gaza doit paver la voie à un réengagement de notre diplomatie vis-à-vis de la question palestinienne. Oublions les chimères du slogan «Taza avant Gaza». L’engagement du Maroc vis-à-vis du peuple palestinien, aussi bien sur le plan populaire qu’officiel, a montré que Taza et Gaza ne sont pas antinomiques.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane