Ce grand ambassadeur, qui a fait des missions pour deux sultans, nous a laissé de précieux récits de voyage révélant sa perception des bouleversements qui ont marqué l’Europe au XVIIIe siècle.
Ibn Othman est l’exemple-type d’une personnalité dont on connaît très bien l’œuvre, mais très peu l’homme. Qui était Mohammed Ibn Abdelwahab Ibn Othman Al Meknassi, qui a vu le jour à Meknès, au milieu du XVIIIe siècle ? (ou peut-être un peu avant, dans les années 1730 ou 1740). Son père est imam et prêcheur dans l’une des mosquées de la ville, devenue la capitale du royaume alaouite sous le règne de Moulay Ismaïl (de 1672 à 1727). Certes, ses trois récits de voyage nous informent sur ses diverses ambassades et sa personnalité. Mais nous ne disposons que d’infimes renseignements sur sa vie. Dans les quelques études universitaires qui lui sont consacrées, il n’est pas fait mention de son activité au Maroc après son retour d’Orient en 1788.
Nous savons seulement que fin 1792, il est nommé gouverneur de Tétouan par Moulay Souleïman. Dans une lettre aux consuls chrétiens résidents à Tanger, le sultan justifie son choix par les qualités de l’ambassadeur. Tétouan est l’une des villes côtières les plus importantes au Maroc, avec un nombre important de chrétiens. Vu son expérience en terre européenne, explique Souleïman, Ibn Othman sera un parfait médiateur. Par ailleurs, nous savons qu’il effectue un dernier voyage en Espagne en 1791, afin de préparer les clauses du traité de paix qui sera signé avec ce pays en 1799. C’est d’ailleurs en 1799 qu’il meurt à Marrakech, de la peste. L’historien Al Zayani lui-même relate qu’il a été chargé de récupérer l’héritage du diplomate et de ramener sa dépouille à Meknès.
Par Pierre-Alain Defossé
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