Spécialiste de l’historiographie arabe et fin connaisseur de la vie et de l’œuvre d’Ibn Khaldoun, Abdesselam Cheddadi a récemment publié un nouveau livre dédié au célèbre penseur maghrébin (« Ibn Khaldoun, une biographie romancée », éd. La Croisée des Chemins). Morceaux choisis.
Par une journée printanière de l’année de l’hégire 776 (1375 après J.C), Abderrahman Ibn Khaldoun, vêtu de sa joubba et de son burnous en laine écrue, un turban léger en fin coton blanc sur la tête, galopait sur la route, entouré par le capitaine de la milice du roi de Tlemcen et du chef des cavaliers arabes de la tribu des Dawâwida. Le jour s’était à peine levé, les rayons du soleil qui perçaient à travers une mince couche de nuages embrasaient le ciel. À 44 ans, Ibn Khaldoun était partagé entre la colère et l’espoir, deux sentiments qui le hantaient depuis une dizaine d’années. La colère contre tous ces monarques, ces ministres et chefs de guerre qui étaient incapables de penser plus loin que le bout de leur nez et qui refusaient obstinément de lui rendre sa liberté ; et l’espoir, maintes fois déçu, mais qu’il s’acharnait à entretenir, d’échapper à force de diplomatie et peut-être par un miracle inattendu à leur emprise pour se consacrer à son projet scientifique muri au cours de longues années de travail et de réflexion.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°102 (mai 2019)