Il ne faut pas comprendre du titre que je vais relater l’histoire du sexe selon la religion de l’islam. Ce n’est pas parce que cette histoire n’existe pas ou qu’elle n’est pas intéressante, mais juste parce que le lieu et l’espace qui sont impartis à cette chronique ne le permettent pas. Mais même si je vais parler de l’islam, culte hautement spirituel, je resterai sur terre et terre-à-terre. Je parlerai d’un fait devenu déjà historique dans notre pays. Les Marocains n’ont jamais autant parlé de sexe que depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir. On en parla dans les journaux, à la télévision, au parlement, dans les assemblées générales des partis politiques, dans les foyers, partout au Maroc pendant sept longues années et on continue à le faire.
Parlons franchement et, comme le stipule la tradition, « nulle pudeur en matière de religion ». Il faut dire que dans certaines pratiques, selon certaines traditions des musulmans, il y a quelque chose de lié à ce phénomène. Il n’est nulle part dit, ni dans les textes sacrés ni autre, qu’il faut faire ses ablutions à chaque fois qu’une partie du corps est souillée. Or, il suffit de peu pour que cela arrive : une goutte d’urine qui involontairement déborde, un pet – aussi silencieux soit-il – lâché, et il est demandé au croyant de se dépêcher non pas de laver le lieu de la souille, mais de laver toutes les parties intimes suivies des membres inférieurs et supérieurs. Un sacré boulot qui demande à frictionner, à malaxer et à masser les zones érogènes. Cet exercice fait dire à certains esprits attachés à la psychologie et à l’analyse psychanalytique qu’il s’agit là d’une excitation exagérée des appareils génitaux. Si le croyant s’applique à le faire à chaque fois qu’il y a fuite gazogène par l’anus, ou petit ruissellement par le pénis, on mesurera l’envie sexuelle qu’une telle manipulation éveille chez le croyant cinq fois par jour. Rappelons que quand le croyant passe par le sommeil, il lui est immédiatement demandé de refaire totalement ses ablutions avant d’aller s’ériger debout devant l’Absolu pour méditer. La prière de l’aurore (fajr) est donc nécessairement précédée par l’exercice des ablutions.
Or, l’état dans lequel se met le croyant est très difficile, on lui demande d’éveiller l’envie et en même temps de la refouler. La religion a prévu cette situation et a mis en place un arsenal de barrières et d’interdictions afin d’empêcher sa réalisation. Éveiller l’envie, la suspendre pour d’abord faire la prière. C’est ce qu’un brave membre du PJD et du MUR (Ahmed Choukiri El Dini) avait expliqué à ses frères/musulmans du gouvernement alors dirigé par Benkirane, quand il a attiré leur attention sur le changement de l’heure d’été. Il s’était écrié à juste titre, parce qu’il avait les arguments pour: « Et quand est-ce que le croyant pratiquant allait niquer sa femme (Nakaha) ? ». Car, ajoutait-il, le meilleur moment pour copuler c’est après s’être acquitté de la prière de l’aurore. Que de moqueries avait essuyé le brave militant-prêcheur ! Mais les événements allaient lui rendre justice, très peu de temps après cette déconvenue. Des hauts gradés de sa secte, un couple, eurent l’envie de se rencontrer à l’aube, après la prière, alors que la nuit peinait à résister à la sûre marche des flammes du soleil, aux abords de l’Océan Atlantique, face aux côtes américaines les plus lointaines. Mais voilà une brigade de police qui passait par là les aperçut, selon le rapport présenté au parquet, des silhouettes, à peine perceptibles, qui s’engouffraient dans une Mercedes… Après un léger interrogatoire dont le rapport ne divulgue pas les détails, la dame, qui n’est autre que Fatima Nejjar (célèbre par ses prêches anti-sexe), vice-présidente de l’association mère du PJD, avoue qu’elle était là pour apporter son soutien au docteur de la loi (Fqih) Benhammad, haut responsable dans la même secte. Quel coup de main est-elle venue lui donner par une heure aussi avancée de la journée ? Le fqih avait apparemment des difficultés à faire aboutir le plaisir, ce qui justifiait l’aide de la vénérable dame.
À ce niveau de l’affaire, personne n’est à l’abri. Dieu nous jette dans l’embarras : d’une part, il nous montre le désir, et d’autre part il nous interdit d’en jouir. Qui va l’emporter ? La libido (Satan, dans le langage religieux) ou la morale ? S’étonnera-t-on si on découvrait, un jour, que la grande machine médiatique du parti islamiste est aussi impliquée dans des affaires de foutre?
Par Moulim El Aroussi, conseiller scientifique de Zamane