Le nom de l’universitaire américain John Waterbury reste lié à un livre–référence, l’un des meilleurs jamais écrits sur le système politique marocain : «Le commandeur des croyants». Pour Zamane, l’auteur revient sur la genèse mouvementée de ce livre–document et sur une période charnière de la vie du royaume, si chargée d’histoire(s)…
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au Maroc, une dizaine d’années après son indépendance ?
Comme tout dans la vie, le choix du Maroc était une question de chance et de hasard. À cette époque, j’étais marié à Marianne, une juive sépharade. Une Cairote que j’avais fréquentée pendant un an au Caire. J’étais boursier du programme Fulbright en Egypte en 1961/62.
J’ai poursuivi mes études de doctorat à l’Université de Columbia et, en 1964/65, je devais choisir le sujet et le lieu de mes recherches doctorales. Logiquement, nous serions allés en Egypte que je connaissais assez bien. Marianne avait toujours de la famille là-bas. C’était l’apogée du régime nassérien avec énormément de tension entre l’Egypte et les États-Unis. Y aller en tant que chercheur sur le système politique aurait probablement mis en danger la famille de Marianne. Il fallait trouver une alternative.
J’étais à l’aise aussi bien en français qu’en arabe. Les pays du Maghreb venaient de réaliser leur independence et n’ont reçu que peu d’attention de la part des chercheurs nord-américains. Clem Moore et Carl Brown travaillaient déjà sur la Tunisie, Bill Quandt sur l’Algérie, et Bill Zartman et Doug Ashford sur le Maroc. L’Algérie me semblait problématique en 1964, la Tunisie trop apprivoisée, et le Maroc passionnant. J’avais un ami à Columbia, John Cooley, un journaliste qui a longtemps vécu à Casablanca, et aussi un professeur, Ben Rivlin, qui m’ont encouragé dans mon penchant envers le Maroc. Donc, en septembre 1965, nous sommes arrivés au Maroc, Marianne et moi.
Votre arrivée coïncidait avec une période de grands troubles au Maroc…
En effet. Les émeutes de mars 1965 à Casablanca, la proclamation de l’Etat d’exception et la suspension du parlement ont totalement bouleversé mon projet initial de recherche sur la vie parlementaire au Maroc. Aussi, peu de temps après notre arrivée au Maroc, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka a eu lieu à Paris. Il fallait donc recommencer à zéro. Je crois que, du point de vue de mes recherches, ces bouleversements ont révélé des idées et des approches que je n’aurais jamais pu imaginer autrement. L’Etat d’exception m’a laissé face-à-face avec le Makhzen… John Cooley était très apprécié dans les rangs de l’UNFP. Deux ans avant mon arrivée dans le pays, il avait assisté à une réunion des principaux chefs de l’UNFP à Casablanca.
Propos recueillis par Maâti Monjib
Lire la suite de l’article dans Zamane N°100 (mars 2019)
ce cpetit commentaire est pour l administration de Zamane ..:pour l’abonnement ,Est ce qu’il n’y a pas de prix préférentiels pour les enseignants et les chercheurs …pensez y s il n existe pas …merci
Bonjour,
Prière de nous contacter à [email protected]
Merci d’avance