Le 5 décembre 1952, le leader syndicaliste tunisien Ferhat Hached est assassiné pour son militantisme anticolonial. Si l’indignation est attendue en Tunisie, nul ne prévoit l’ampleur de la colère au Maroc. Comment un meurtre commis à 2000 kilomètres du royaume a-t-il enflammé la rue marocaine ?
Chaque année, à la date du 7 décembre, le syndicalisme marocain se mobilise et défile dans la rue. Les banderoles et déclarations rappellent à cette occasion la disparition de Ferhat Hached, le plus célèbre syndicaliste maghrébin de l’Histoire. Pourtant, le Tunisien a été tué un 5 et non un 7 décembre. Ce décalage s’explique par les conséquences produites par l’élimination de Hached sur le Maroc. Deux jours après les faits, soit le 7 décembre 1952, les travailleurs et les principaux nationalistes du royaume appellent à une grève générale. Un mouvement de masse qui dégénère le lendemain, dans un affrontement disproportionné avec la police du Protectorat. Ces évènements d’une importance historique capitale sont appelés «les émeutes des Carrières Centrales», du nom du quartier-bidonville où se déchainent les violences. Dans la mémoire collective du Maroc, le meurtre du syndicaliste maghrébin et les affrontements à Casablanca se confondent en un seul épisode de l’histoire coloniale. Le leader tunisien est célébré dans le royaume comme s’il était un patriote, martyr de la cause nationale. De nombreuses rues portent encore son nom dans diverses villes du pays.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°100 (mars 2019)