Le 1er juin dernier, le journaliste Khalid Jamaï quitte ce monde sans regrets à l’âge de 78 ans. Il laisse derrière lui l’image d’un libre penseur qui n’a jamais renié ses profondes convictions. Bref retour sur une vie passée à planer en étant porté par un vent de liberté…
«Je suis même prêt à partir dans une semaine s’il le faut. De toute façon, j’ai fini et j’ai fait tout ce que j’avais à faire». Aucun signe de panique lorsque Khalid Jamaï apprend de la bouche de son fils Hammouda qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale, et que ses jours sont désormais comptés. Son sursis a finalement duré quelques mois encore, avant que son heure ne sonne, le mardi 1er juin 2021. Sa disparition a sincèrement ému tous ceux qui l’ont connu, lu, écouté et même combattu.
Ce jour-là, Hammouda Jamaï reçoit des dizaines de coups de fil «des politiques de gauche, de droite, des militants, des sécuritaires, de la société civile, des artistes…». Car son père n’est pas le genre à laisser indifférent. Une reconnaissance générale, quelques fois tardive de la part de certains, qui traduit une droiture qui ne s’est jamais démentie. Son duel insensé livré à l’ogre Driss Basri, au milieu des années 1990, en est peut-être le parfait exemple. Mais cet insolent épisode n’est que la partie visible de l’engagement d’un homme pour qui la liberté n’a pas de prix. La liberté de penser d’abord, de parler ensuite et d’écrire aussi. Une notion qui devrait d’ailleurs l’accompagner dans sa tombe avec l’épitaphe encore à graver : «La liberté est acquise dès la naissance», une expression (en arabe) qu’il aimait à rappeler à qui voulait bien l’entendre. Nul doute sur la sincérité de cet étendard qu’il a dû porter dès les premières années de sa vie.
Par Sami Lakmahri
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