L’architecture n’est pas seulement l’art de bâtir et de construire, mais celui de vivre, voire d’être. Jonction parfaire entre l’être et le paraître, elle est cet art qui décrypte le visible et lui donne un background invisible, celui de la culture et de l’état d’avancement d’une civilisation. En plus de renseigner sur les bâtisseurs (rois, califes, notables), elle renseigne aussi sur le petit peuple, sur les codes de la vie en groupe. En un mot elle apporte un scan quasi parfait de la psyché tant individuelle que collective. En somme, «Dis-moi ce que (et comment) tu construis et je te dis qui tu es !». Zamane vous invite ce mois à une exploration, à travers le temps et l’espace, de l’architecture marocaine. Un art pluriel, au point que certains parlent «des architectures marocaines», tant le royaume a connu et continue de connaître une très grande variété de styles architecturaux.
C’est aussi un voyage dans l’histoire de la société marocaine, à travers ses médinas, ses mausolées, ses mosquées, ses portes et remparts, ses jardins, ses bassins… Autant de monuments et d’édifices qui nous offrent un miroir, qui raconte notre passé et décrypte les lignes de notre avenir et notre présent.
On n’aborde donc ici que l’architecture marocaine d’avant le Protectorat dont l’œuvre fut, en partie, la réhabilitation du genre hispano-mauresque, par un style appelé le néo hispano-mauresque. Ses fleurons sont la bâtisse de la Banque du Maroc à Rabat, ou le siège de la Région à Casablanca, véritables chefs d’œuvre. Des temps antiques, il ne reste que quelques vestiges dont Volubilis, mais des chercheurs italiens considèrent que les villages qui entourent le Zerhoun portent la marque architecturale des temps antiques, avec comme matériau la pierre au lieu du pisé. Ils établissent un lien entre la campagne du temps romain en Italie, et le chapelet de villages qui ceignent Volubilis. Le site appelé casbah Nsari, sur un monticule de Zerhoun qui surplombe à la fois Meknès et Fès, demeure une grande énigme dont le mystère n’a pas été dévoilé. Le mot Chellah que les Romains avaient adopté, et qui donnera par la suite Sala (Salé), est un mot d’origine amazighe, signifie terre et, par voie de conséquence, construction.
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