Dans un contexte où les peuples arabes se sont levés presque comme un seul homme, les Etats ne pouvaient manquer de réagir : c’est le moment qu’a choisi le Maroc pour accepter l’invitation qui lui a été faite d’adhérer au Conseil de Coopération des pays du Golfe (CCG), un groupement de monarchies et d’émirats du Proche-Orient. On n’aura pas manqué de remarquer que notre royaume est le seul de ces Etats à se situer dans ce qui, historiquement, constitue l’Occident musulman. Est-ce une nouvelle preuve de la spécificité marocaine, celle d’une identité construite entre arabité et particularisme local? Zamane tente de répondre en retraçant la longue histoire de nos relations avec le monde arabe.
Ala fin de l’Antiquité, l’Arabie ignorait tout de la Mauritanie Tingitane qui allait devenir le Maroc. Sans l’avènement de l’islam et la vaste conquête qui s’en est suivie, les hommes d’Arabie n’auraient probablement jamais mis les pieds dans les plaines de l’Afrique du Nord. Mais la ferveur de la foi islamique et la logique des grandes conquêtes médiévales les ont amenés aux portes de l’Afrique du Nord et de ce qui va devenir le Maroc. Cet espace nommé par les Arabes Maghreb Al Aksa (Extrême-Occident) baignait dans une culture locale berbère (ou amazighe selon la terminologie actuelle), mais fortement romanisée dans sa partie côtière, spécialement méditerranéenne. La conquête arabe des VIIème et VIIIème siècles, au-delà de son déroulement discontinu et de son influence inégale sur les territoires et les tribus, va entraîner la fin de cette romanisation partielle de la culture berbère. En moins d’un siècle, une mutation profonde s’accomplit. L’islamisation est quasi générale, puisque des principautés islamiques se sont installées sur tout le territoire : des côtes vers l’intérieur, jusqu’à Sijilmassa et l’oued Noun (au sud d’Agadir).
Néanmoins, cette islamisation commençante, énergique et généralisée, s’accompagne d’une première fracture, non réduite à ce jour. Si les Marocains ont dit oui à l’islam en se l’appropriant et en l’adaptant aux fondamentaux de leur culture, ils ont dit non au despotisme arabe qui accompagne la fondation du système politique de cet empire naissant.
Par Lotfi Bouchentouf
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