Nationaliste et homme de conviction, Abdelkhalek Torrès a été un militant de la toute première heure pour l’indépendance du pays. Loin de se laisser faire pigeonner par un soi-disant khalifat chérifien du Nord, désiré par Madrid et actant de facto la partition du Maroc, il milite ardemment pour un Maroc libre, indépendant et uni depuis les montagnes du Rif jusqu’aux dunes du Sahara. Itinéraire du zaïm de Tétouan.
Torrès. Voici un patronyme maghrébin qui ne s’enracine pas vraiment dans la phonétique arabe. Et pour cause. Son intonation raconte toute une histoire chère à la mémoire marocaine et arabe en général ; celle d’Al-Andalus. Une terre islamisée qui retrace le pinacle d’une civilisation venue conquérante des confins de la Péninsule arabique. C’est donc de ce passé providentiel qu’émerge le nom des Torrès, une famille avec pignon sur rue, depuis les contrées andalouses jusqu’à la colombe blanche de la Méditerranée qu’est Tétouan. Auscultons à présent tout cela à la loupe. La famille des Torrès est certainement de provenance castillane. Pour les généalogistes, son origine étymologique proviendrait du latin «Turre», facilement devinable, en tours. Cela revient, on s’en doute, aux tours d’un château ou d’un fortin, pièce maîtresse de la défense militaire, et construction archétypale du Moyen-Âge occidental. Les Torrès sont somme toute une famille de lettrés originaires de Grenade, dans le Sud-Est de l’Andalousie, sur les contreforts de la Sierra Nevada, et dernier bastion d’une dynastie musulmane, celle des Nasrides. Bien. Redescendons maintenant les ramifications de l’arbre généalogique pour nous rapprocher du futur zaïm tétouanais. Son grand-père et son père. Tous deux ont été des notabilités, des hauts fonctionnaires du Makhzen dans une période par ailleurs douloureuse où les sirènes de l’impérialisme et du colonialisme sonnaient de toutes part. Son grand-père. El-Hadj Mohamed Torrès. Son nom est intimement lié à la conférence d’Algésiras de 1906, ce sommet qui force les portes du Maroc malgré lui au pré-protectorat. Expliquons-nous d’abord.
Par Farid Bahri
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