Mais, où sont donc passés nos partis politiques et, par la même occasion, les politiques qui devaient être à la fois dedans et dehors ; sans leur faire un procès d’ubiquité ? Cette question est profondément interrogative, vu le silence assourdissant qu’elle traîne, dès lors que le monde change, à tel point que le pays ne pouvait être lui même qu’affecté par ce mouvement universel. Plus que jamais auparavant, le pays n’aura été plongé dans un vaste mouvement de réformes des structures les plus stratégiques aux niveaux politique et socio-économique. En principe, le pays devait être dans une grande ébullition politique encadrée par les élus promis à la gestion de la chose publique. Une représentation pyramidale qui traverse toutes les composantes politiques et sociales. C’est dire à quel point les débats politiques et les interventions publiques devaient occuper une place prédominante. Seulement voilà, les représentants de la classe politique, qu’ils soient élus ou désignés, ont brillé par leur absence. C’est à se demander si nous n’assistons pas à une sorte de grève de zèle qui ne dit pas son nom. Du coup, l’importance du processus électoral, paraît reléguée à la dernière rangée d’une salle de classe. Le mépris du bon peuple électeur n’en est que plus ingrat. À la base de la pyramide de représentation, la tendance qui se confirme serait la certitude que la vie sociale ne trouverait pas de réponses satisfaisantes.
Il est bon de rappeler la lutte à la fois coûteuse et sans merci contre le Coronavirus ravageur. Un combat engagé par l’État à ses frais. Il fallait encadrer quelques 483.410 cas révélés, qui ont abouti à 468.807 guérisons et 8615 décès. Ces chiffres, dans quelques cases que ce soient ont provoqué un choc socio-économique et politique. Les populations ont payé de leur perte et manque à gagner un confinement à répétition. Une bonne part des marocains concernés y sont quand même allés après quelques grognes compréhensibles. Le vaccin anti-covid a été une opération plutôt réussie avec des équipements plus ou moins appropriées.
La question de la marocanité du Sahara n’a jamais été très loin. Elle était très présente par sa gestion et par une approche participationniste du plus grand nombre, au point de gagner le respect des États africains et euro-américains. Dans ce processus à vocations multiples, à l’intérieur ou à l’international, est venu se greffer la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Et bien qu’il ait été abondamment expliqué que cette soit disant normalisation sera sous «haute surveillance» et sans effet sur le futur État palestinien, le choc de cette annonce sera toujours difficile à démanteler. L’histoire retiendra que derrière ces faits majeurs (2020-2021), il y a l’empreinte du Roi Mohammed VI. L’objectif recherché étant un développement économique maîtrisé et une tolérance communément partagée.
Il est théoriquement admis qu’une consultation électorale populaire doit permettre l’éclosion de partis plus forts et plus représentatifs. Cet état de fait déplorable qui abrite tous les étages électoraux depuis les élections communales jusqu’aux nationales, en passant par les régionales, devrait aboutir au renforcement et à l’ancrage des partis politiques. Comme à l’accoutumée, cela n’a pas été le cas. Où et comment se dérouleront les élections de 2021. Au commencement de chaque consultation électorale, étaient les dates. C’est en fonction de ces rendez-vous à nulle autre pareil dans un système démocratique qu’auront lieu les scrutins des communales, régionales et législatives en septembre 2021. En fait, c’est toute la cordée électorale qui passera par le bureau de vote. Elle devra contenir la chambre des représentants, celle des conseillers ; les conseils des régions ; ceux des communes et ceux des provinces et préfectures ; bref un véritable embouteillage électoral. Toutes ces consultations dans un délai très court constituent un casse-tête du calendrier électoral. Pour les formations politiques, comme pour les institutions étatiques impliquées dans ce processus électoral, 2021 se présente comme un marathon. Il y va de même pour le budget de l’État, car ce chemin de fer électoral se situe entre 1,5 et 2 MM Dh.
La problématique des dates cache mal tout ce qui va avec, telle la stratégie électorale à adopter en fonction du mode d’organisation retenu. Certaines formations préfèrent des échéances peu espacées afin de capitaliser sur les succès obtenus. D’autres préfèrent reprendre leur souffle au rythme d’un calendrier électoral espacé. D’autres encore avancent le chiffre de six mois de décalage d’une élection à l’autre.
Toute cette agitation partisane se déroule quasiment à huis clos à part des fuites organisées et mises à profit individuel. Toute chose étant par ailleurs égale, mode et jour du scrutin, le calcul du quotient électoral, vote des étrangers, listes électorales, sont autant de chapitres qui connaîtront des changements politiquement lourds de conséquences électorales et politiques. Pour le moment, les partis politiques brillent par leur absence, de même que les personnages médiatiquement présents semblent avoir perdu l’usage de la parole et des mouvements.
YOUSSEF CHMIROU
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION