Deux événements auront ponctué le mois de décembre de l’année 2024 et qui marqueront le Maroc de demain. Le Code de la famille qui n’a pas opéré une rupture avec celui de 2004 et qui a plutôt apporté des correctifs sur la situation de la femme, l’âge du mariage, la garde des enfants, le divorce et l’héritage. La polygamie est quasiment impossible. On n’est plus dans les grandes idées, mais dans les subtilités des casuistes, se basant sur une réalité palpable. Le deuxième événement qui n’est pas sans lien avec le premier est le dernier recensement. Les chiffres nous disent qu’on ne se reproduit plus. On enregistre une baisse de la natalité. Y a-t-il un lien entre le Code de la famille de 2004 et la baisse de natalité ? Je n’ai pas de réponse, mais la question mérite d’être posée. La tendance est-elle conjoncturelle ou structurelle ? Plutôt structurelle, car la société marocaine se modernise et se libère. C’est tant mieux, mais il y a un mais. Serons-nous les mêmes si on enregistre un taux de natalité inférieur à 2,1% ?
On vieillira. On ne sera plus ce pays jeune, fougueux, dynamique, avec ces images sur les stades de jeunes gaillards ou dans les plages, ou ces jeunes filles se pavanant en ville. On sera obligés d’importer la main d’œuvre, ailleurs… Et chemin faisant, ces bras trouveront d’autres bras qui vont les enlacer. Ils feront des enfants qui ressembleront à leurs parents et moins à leur pays…
On est les enfants de ses parents, de son contexte et de son temps. Des parents mixtes impriment une identité créolisée. En principe, les structures de socialisation rattrapent la créolisation. Mais il faut tenir compte de la tendance lourde, de l’état de notre école, de la configuration éclatée de la société. C’est la créolisation qui l’emportera.
Quand une race change, la culture qui s’y rattache disparaît pour être remplacée par une autre. Une évidence, même si cela peut choquer. L’Amérique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle des Amérindiens. Un peuple a remplacé un autre et a imprimé au pays sa vision des choses, autrement dit sa culture. Je ne sais pas un adepte du Grand Remplacement, mais on ne peut ignorer deux éléments structurants qui se sont opérés dans notre pays : la baisse de natalité et le Maroc comme destination migratoire. On n’est plus qu’un transit. La tendance augmentera avec les changements climatiques, l’attractivité du Maroc.
Le bon sens commanderait qu’on inverse la tendance, c’est-à-dire encourager la natalité, et contrôler les flux migratoires. Mais la première disposition ne se décrète pas, et la deuxième est quasiment difficile à mettre en œuvre. Baisse de natalité et migration font le lit du remplacement, grand ou petit. La question mérite d’être posée. Bien sûr qu’on n’est pas des proportions qui suscitent l’alarmisme comme ailleurs, où la tendance s’est inscrite sur des générations et dans de grandes proportions, mais nous sommes sur une nouvelle tendance, et on ne peut l’ignorer. Le devenir des sociétés ne se traite pas comme un déficit budgétaire, qu’on peut régler par une quelconque décision ponctuelle. Là, on est dans le temps long, les effets ne se font pas sentir sur l’immédiat, et les rattraper prend du temps, ou devient impossible. J’use de ce droit à l’erreur dont disposent ceux qui manient des idées. Il vaut mieux prévenir. Guérir dans le cas d’espèce est presque impossible..
Par Hassan Aourid