Bâtie pour être la plus grande œuvre architecturale de l’ère almohade, la tour Hassan et les vestiges de sa mosquée ont connu un sort moins glorieux que prévu. Et malgré ce goût d’inachevé, cette construction unique en son genre est devenue aujourd’hui un symbole du patrimoine de la capitale…
Personne n’est en mesure aujourd’hui d’expliquer pourquoi la célèbre Tour Hassan de Rabat se nomme ainsi. Malgré cette amnésie qui s’étale sur plus de 800 ans, son nom a traversé les âges et sa silhouette est devenue un emblème de la capitale du royaume. Ce monument atypique, construit à la toute fin du XIIème siècle, est dans les faits, un projet mort-né. Voulu par le sultan almohade Yacoub El Mansour (1184-1199), la mosquée n’aura jamais rempli sa fonction de lieu de culte. Et si sa construction semble s’arrêter au moment de la mort de son commanditaire, les véritables raisons de son figement dans le temps ne font encore l’objet que d’hypothèses. Depuis, les vestiges de la mosquée Hassan fascinent par leur gigantisme et suscitent nombre d’interrogations. Pourquoi construire une œuvre si imposante dans une ville qui n’est alors qu’un campement militaire, quartier général des expéditions vers Al Andalous ? Quel symbole souhaite véhiculer le pouvoir almohade par une telle structure et comment leurs architectes l’ont-ils conçu ?
Pour comprendre les origines de la mosquée Hassan, il faut revenir sur celles de la ville de Rabat, mais aussi sur l’état du pouvoir politique au moment de sa construction. À l’ère des Berghouatas (744 -1058), il existe probablement un embryon de structure urbaine sur le site de Rabat. Elle ne prend réellement forme qu’avec l’arrivée des Almoravides lorsque le lieu devient, en 1140, la base la plus avancée des troupes de Tachfine Ibn Ali (1143-1145). C’est à cette occasion que ce souverain fortifie la kasbah des Oudayas, dont les travaux ont commencé sous le règne de son grand père, Youssef Ibn Tachfine.
Par Sami Lakmahri
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