Depuis le XIXe siècle, des aventuriers occidentaux ont été attirés par le Sahara et ses cités interdites. Cette fascination leur a souvent coûté la vie mais nous a valu de précieux témoignages.
En cette fin de 1930, exténué, cloué dans un lit d’hôpital par une diarrhée qui n’en finit plus et de terribles crampes abdominales, un jeune Français de 26 ans originaire de Nevers, dans la France profonde, meurt après de longues souffrances. Veillé par son frère Jean qui l’a ramené mourant de Tiznit quelques jours plus tôt, Michel Vieuchange rejoint le «grand architecte» en qui il avait cessé de croire durant ses années d’errance. Il venait tout juste de sortir vaincu de son affrontement avec le grand désert du Sahara qu’il avait voulu connaître et dompter. Michel Vieuchange était un «fou du désert», un de ces Européens qui décident d’un jour à l’autre de laisser tomber le confort d’une vie monotone pour aller se perdre dans le Sahara. Sur les rares photos qui nous sont parvenues de lui, quelques unes montrent un homme élégant vêtu à l’occidentale, resplendissant de jeunesse et à l’œil alerte. D’autres – les dernières – nous montrent une frêle silhouette en habit traditionnel sahraoui, au regard perdu, torturée par l’effort et les privations. Ces tourments physiques inouïs, le jeune Français se les est infligés pour aller à la rencontre de la ville sainte de Smara, en plein désert du Sahara ; là où aucun Occidental ne s’est aventuré depuis quarante ans. Ce voyage fou, écrira quelques années plus tard Louis Massignon, était une manière pour Vieuchange de subir «la blessure sacralisante du coup de lance de l’Amour».
Michel Vieuchange n’est pas le premier Français à s’aventurer dans ce désert inhospitalier. Un siècle plus tôt, un de ses compatriotes, René Caillié, l’a précédé dans les confins mauritaniens. Il a traversé le Sahara avant d’atteindre une autre ville mystérieuse : Tombouctou, alors interdite aux chrétiens. Il y pénètre en 1828, déguisé en savant de la foi. Sage décision : à peine deux ans plus tôt, en 1826, l’explorateur anglais Alexander Gordon Laing, le premier non-musulman à entrer dans ce sanctuaire de l’islam, a été exécuté pour son sacrilège.
Par Adnan Sebti
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Bonjour,
Camille Douls n’est pas aussi oublié que ça. Le Conseil général de l’Aveyron a organisé en 2011 une journée d’étude sur ce personnage, et les actes ont été publié en 2012 par la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, sous le titre: « L’explorateur aveyronnais Camille Douls ou L’appel du désert“. L’ouvrage, illustré, fait 155 pages.
Cordialement