La structure des zaouïas traduit le caractère sacré de l’édifice tout en le distinguant de la mosquée, sa rivale architecturale mais aussi idéologique.
L’histoire du Maroc regorge de conflits ouverts entre les zaouïas et le Makhzen. Le fait que certains sultans ordonnent l’abolition de l’architecture des zaouïas, ne se contentant pas seulement de leur soumission, est significatif de la portée idéologique de l’architecture, mais aussi de sa présence au cœur des conflits politiques qu’a connus la société marocaine entre l’Etat central, la zaouïa et la tribu.
Le système architectural condense en effet toutes les questions de la société culturelle, économique et politique. C’est un canal qui véhicule les conceptions, les valeurs, les représentations, les stratégies et les relations entre individus et groupes. Nous croyons souvent que nous peuplons ce monde, mais nous oublions que c’est ce monde qui nous habite. L’architecture de la zaouïa contient tous les conflits de la société et les reproduit à sa façon. Et c’est la différence architecturale entre la mosquée et la zaouïa qui incarne ces tensions qu’a vécues la société entre le fqih, en tant qu’érudit de la charia, l’imam, en tant que sultan de la oumma, et le cheikh soufi, régisseur de la zaouïa.
Rond et carré à la fois
La zaouïa revêt une forme complexe où s’entremêlent deux modes de construction. Le premier mode prend la forme d’un carré, alors que le second se façonne à la faveur de triangles interposés sur le plan horizontal, ou la forme d’un demi cercle/coupole en haut. Dans les deux cas, un pilier pénètre l’épicentre de la coupole ou des triangles vers le haut. Au fur et à mesure qu’on s’élève, les petits ronds en plomb se rapetissent jusqu’au sommet, où le croissant achève cette ascendance ouverte vers l’infini céleste, lequel croissant ressemble à la lettre noun (N) de l’alphabet arabe.
Par Noureddine Zahi
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