Ayant quitté ses responsabilités officielles, Hassan Aourid entend plus que jamais peser sur la scène intellectuelle. Lecture de son dernier essai, Occident, est-ce le crépuscule ?
Il est bon que des hommes de pouvoir descendent de temps en temps dans l’arène publique et confrontent leurs idées à celles de leurs concitoyens sans l’entremise d’une protection protocolaire qui, bien souvent, fausse les rapports et invite à l’éloge par nécessité. Il est encore plus fort quand un homme, autrefois fidèle serviteur, prend sur lui de porter une indignation que beaucoup ressentent, mais qu’ils n’osent opposer à ce consensus mou que propose une certaine élite intellectuelle et politique, sous prétexte de s’inscrire dans une logique pragmatique et positive. De ce point de vue, le livre de Hassan Aourid, Occident, est-ce le crépuscule ? (éd. Bouregreg) est, à tout le moins, courageux et nécessaire. Le débat intellectuel de ce millénaire, alors que la Guerre froide est révolue, laisse accroire que l’Occident, mené par les Etats-Unis triomphants, a réussi à imposer définitivement ses valeurs and its american way of life. Toute notre vie culturelle, économique et sociale est aujourd’hui, sinon en admiration devant le géant américain, du moins fascinée par ses réussites. Aucun secteur ne manque à l’appel : les universités américaines sont citées en exemple, la recherche aux Etats-Unis fait pâlir d’envie, y compris les mandarins européens, et qui n’a pas effectué son pèlerinage de l’autre côté de l’Atlantique ne peut prétendre peu ou prou mériter une quelconque reconnaissance. Au centre du monde, l’Amérique fait aujourd’hui rêver et il est loin le temps de la mauvaise conscience.
Par Mustapha Bencheikh
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