Avant de devenir citoyens à part entière, les Marocains ont longtemps été considérés comme une «Ra’iya» qui se définit uniquement, ou presque, par rapport à son maître : le sultan. Retour sur une évolution lente et complexe, qui s’est étalée sur plusieurs siècles.
Les concepts de sujet et de citoyen désignent une réalité marginalisée, qui fait souvent l’objet d’une mise à l’écart politique et intellectuelle. Al-Ra’iya (qui désigne, selon «Lissan al-Arab», le «troupeau» ou l’ensemble des assujettis à l’autorité absolue du berger-sultan), pourtant concept-clé pour l’analyse du champ politique arabo-musulman (et marocain), n’a que faiblement retenu l’attention des chercheurs.
Une histoire sociale en souffrance
Il suffit de se reporter à la masse considérable d’ouvrages consacrés à l’histoire politique marocaine, et plus largement maghrébine, qui se focalisent sur l’État et les institutions, la personne du sultan et ses actes, les guerres ou la diplomatie ; et ignorent totalement ce que l’on désignerait aujourd’hui comme histoire sociale. On n’examinera pas ici les causes de ce désintérêt, qui traduit la difficulté de la société et des individus/groupes qui la composent à exister politiquement et «théoriquement», pourrait-on dire, face à l’éminence du pouvoir sultanien, même quand celui-ci est le plus vivement contesté.
Par Azzeddine Allam
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