Un évènement anticolonial spontané et victorieux ? Oui, mais seulement, d’après la dernière fournée d’archives déclassifiées par la CIA américaine. On apprend dans ces documents que le roi Juan Carlos aurait été au courant de la Marche Verte avant sa tenue, le 6 novembre 1975. Sa passivité aurait même fait partie d’un deal… Explications.
Laisser le Maroc récupérer le Sahara à la faveur d’un retour aux affaires politiques. C’est en substance ce que l’on apprend des documents déclassifiés par la CIA, le mois dernier. L’information a beaucoup été relayée par les médias espagnols, qui s’interrogent de plus en plus sur le rôle du monarque espagnol lors de la transition de régime politique en Espagne. Une période qui correspond également à la manœuvre de Hassan II pour récupérer les territoires du sud encore entre les mains des Ibères. Selon les documents de l’agence américaine, les deux évènements seraient intimement liés. Le dénominateur commun serait les Etats-Unis, en la personne du secrétaire d’Etat Henry Kissinger. Ce dernier serait intervenu pour faire du Sahara un espace d’intérêt militaire américain après la mort de Franco, qui surviendra le 20 novembre 1975. L’idée était de permettre à Hassan II de récupérer pacifiquement la région, sous la bienveillance discrète de la France et de Juan Carlos. En échange, ce dernier aurait l’accord de Washington pour entamer une transition démocratique pour son pays. Le rapport de la CIA évoque même l’ancien monarque espagnol comme un «informateur» de l’agence de renseignement. Un statut qui pose des questions, au point où la presse ibérique se demande jusqu’à quel point leur ancien roi aurait servi des intérêts étrangers.