Faqih, mufti, cadi et ambassadeur, Al-Sughayir a occupé une place centrale dans la société marocaine, au temps des Mérinides. Retour sur le parcours d’un homme qui a marqué son temps.
Comme la plupart des érudits du Maroc médiéval, la date de naissance d’Abou al-Hassan Ali ben Mohamed ben Abdelhak Zarouili, connu sous le nom de Al-Sughayir, est inconnue. Il doit son appartenance aux Béni Zarouil, une des branches des tribus Sanhaja, installées dans le nord du Maroc. Et c’est à partir de la date de son décès, et de l’âge qui devait alors être le sien, que l’on peut plus ou moins établir l’année de sa venue au monde. Telle était la règle pour Al-Sughayir, comme pour d’autres personnages devenus célèbres sur le tard. On le décrit comme un homme de petite taille (d’où, probablement, son surnom), au teint très foncé. Après avoir appris à lire, à écrire et à mémoriser le Coran, selon la coutume des Marocains de l’époque, il se lança dans l’étude de la jurisprudence islamique après avoir maitrisé la langue arabe et l’art de la rhétorique. Cet homme, qui a aussi eu l’occasion de séjourner à Taza, important centre urbain à l’est de Fès, a connu plusieurs maîtres dont Al-Ouariaghli (mort en 1284) et Al-Qurtubi (m. en 1330) et Ben Affane (m. en 1340). Mais c’est auprès d’Abou al-Fadl Rachid al-Oualidi (m. en 1276), qu’il a longtemps accompagné, qu’il apprit l’essentiel. Les ulémas du Moyen Âge n’étaient pas seulement jugés pour la qualité de leur production, mais aussi pour leurs vertus de transmission et d’enseignement. Al-Sughayir s’est intéressé à l’enseignement, tant dans la forme que dans le contenu, et y a passé une grande partie de sa vie. En termes d’apparence, il était connu pour son élégance vestimentaire, avec une préférence pour la couleur blanche, emblème des jurisconsultes marocains. Pour ce qui est du contenu, il était célèbre pour ses prédications, aidé par sa voix basse, digne et calme, suivant les traces de son maître Al-Oualidi. Il était également connu pour sa patience et sa rigueur face à ses étudiants, auxquels il accordait une vraie marge de liberté pour débattre et défendre leurs idées.
Par Mohammed Yassir El Hilali
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