Grand militant amazigh, Ahmed Assid mène plusieurs combats et ne mâche pas ses mots pour pointer les retards de la société marocaine, tout en proposant solutions alternatives et pistes de réflexion. Laïcité, égalité femme-homme, développement humain, etc. Zamane vous invite à un tour d’horizon avec un intellectuel engagé.
Comment vous présentez-vous, M. Assid ?
Je suis avant tout poète, mais également professeur de philosophie, écrivain et militant des droits humains. Je préside l’Observatoire amazigh des droits et libertés, membre de la coalition marocaine des instances des droits de l’homme. Par le passé, j’ai dirigé l’Association des enseignants de philosophie, été membre du bureau central de l’Union des écrivains du Maroc, et secrétaire général de l’Association marocaine de recherche et d’échange culturel, la plus ancienne organisation amazighe. J’ai aussi cofondé plusieurs structures civiles comme La Vigilance Citoyenne, Forum de la Citoyenneté et le mouvement Damir, dont je suis toujours membre et vice-président.
Et sur le plan idéologique ?
Mon orientation est laïque et démocratique. Je ne me définis ni comme marxiste pur, ni comme libéral absolu. J’ai été influencé par Marx pour sa défense de la justice sociale et des droits des travailleurs, mais aussi par les idées de liberté des libéraux, tout en rejetant le libéralisme sauvage. Mon engagement vise à instaurer les droits humains universels, tant sur le plan individuel que collectif.
Vous avez grandi à Kénitra, loin des régions amazighophones. Comment cela a-t-il influencé votre parcours ?
Cette période a été marquée par l’angoisse de la quête identitaire. Né en 1961 à Tawrmirt dans la région d’Idouska Oufella, entre Taroudant et Tafraout, j’ai été emmené à Kénitra à l’âge de quatre ans par mon père, commerçant, laissant ma mère et ma famille au village. Ce déracinement a été douloureux. Je parlais une langue différente, l’amazighe, que je ne pouvais utiliser dans ce nouvel environnement urbain. Ce choc linguistique a été mon premier grand questionnement: pourquoi posséder une richesse symbolique sans pouvoir l’exprimer ? De plus, les valeurs de solidarité et d’entraide de mon village étaient absentes en ville, remplacées par la violence et la méfiance. Cependant, à Kénitra, j’ai découvert d’autres langues, comme la darija et l’arabe, que j’ai appris au kuttab (école coranique, ndlr).
Propos recueillis par Ghassan El Kechouri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°173