Derrière un terme savant (rhétorique) se déclinent deux notions très chères à la culture arabo-musulmane : l’éloquence et le savoir. L’histoire de cet art à part entière, avec ses ramifications et prolongations, mérite d’être revisitée.
Beaucoup parmi nous sont le produit de la double culture arabe et française. Dans ces deux modèles, le langage, et en particulier le besoin de s’exprimer d’une manière efficace, voire élégante, constitue un enjeu majeur. De même, la tentation de comparer les deux systèmes en question paraît tout à fait légitime, peut-être même irrésistible. D’innombrables travaux portant sur l’art de bien dire ont été réalisés depuis l’antiquité gréco-latine en Occident, et depuis les premiers siècles de l’Hégire dans le monde musulman. Au Maroc, des enseignants chercheurs se sont penchés sur «l’éloquence», en arabe ou en français : Ahmed El Moutaouakil, Abdelfettah Kilito (grand admirateur d’Al Jahiz, père de la baḷāġa), Mohamed El Ouali, Allal El Ghazi, Mohamed El Omari, etc.
Mais aucun de ces auteurs n’a procédé à une mise en parallèle entre la rhétorique et la baḷāġa. C’est ce que nous nous proposons de faire dans le présent article, en toute humilité. Si le terme «rhétorique» reste péjoratif pour une fraction importante du public, les tentatives de réhabilitation de cette discipline émanent, en particulier, des philosophes. Elle revêt désormais un aspect pluridisciplinaire, touchant à différentes spécialités telles que le domaine juridique, l’analyse du discours, la pragmatique, la propagande politique, la publicité, etc.
Par Ahmed Ismaïli
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