Au flanc du célèbre cimetière des Chouhada à Casablanca, reposent désormais le reste des dépouilles d’autres martyres, que le temps a failli faire sombrer dans l’oubli. Entouré de murs blancs fraichement érigés, cet espace de quelques dizaines de mètres carrés abrite désormais ce qu’il reste des dépouilles des victimes appelées « chouhada l’koumira », expression ironiquement utilisée par Driss Basri, artisan de la répression des années de plomb. Egalement appelée la « révolte du pain », ce violent épisode social s’est déroulé entre le 20 et le 21 juin 1981 dans les rues de Casablanca. Devant la flambée des prix des produits de première nécessité, les syndicats ainsi que les partis d’opposition de gauche appellent les citoyens à manifester leur colère. Plusieurs milliers de personnes se rassemblent au cœur du quartier Hay Mohammedi. La contestation est agitée, le mouvement de foule est difficilement contrôlable. Ce genre de mobilisation n’est pas courant dans le Maroc troublé de cette époque. L’ordre est donné aux forces de police de réprimer sévèrement les manifestants. Dans la confusion, une véritable « chasse aux syndicalistes » s’organise et dure presque 24 heures.
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