Pour Zamane, c’est un exercice à la fois facile et difficile que de s’atteler à l’Histoire de notre Indépendance. Facile, parce que le thème est peut-être convenu, voire peu original. Mais c’est justement ce qui fait la difficulté et l’attrait du travail que nous vous proposons. Car l’Histoire ne s’arrête pas au moment où elle est écrite. Dans deux cents ans, nous l’espérons, l’épopée qu’a été notre Indépendance, continuera d’être explorée, écrite et réécrite. Zamane n’aura fait que passer le témoin. Notre ambition, néanmoins, n’est pas de ressasser par le menu la chronologie des événements qui ont mené à la fin du protectorat. C’est là le travail d’un manuel scolaire. Notre approche s’est au contraire voulue thématique, avec forcément une (petite) dose d’arbitraire : en bref, il s’agissait pour nous de revenir sur certains credo faussement ancrés dans notre mémoire collective. Vous croyiez que l’Indépendance avait été acquise grâce à une sorte de concorde nationale ? Vous étiez sûr que l’Indépendance avait été obtenue un 18 novembre ? Vous pensiez que les Français étaient unis contre la fin du protectorat ? Vous ne saviez pas qu’Abdelkrim El Khattabi était contre l’Indépendance du Maroc… sans le Maghreb ? Vous saurez désormais que l’Histoire de notre Indépendance n’en finit pas d’être écrite et qu’elle n’a pas fini non plus de nous surprendre.
Car cette Histoire, somme toute récente, reste l’otage de mémoires concurrentes : celle de la monarchie bien sûr, celle du mouvement national, mais également celle des anciens opposants à Hassan II. En filigrane, c’est d’ailleurs l’image du fils aîné de Mohammed Ben Youssef qui se détache. Déjà, l’exil lui ayant fait prendre son envol, Moulay Hassan est de tous les projets de son père. C’est lui par exemple qui mène à bien la création des Forces armées royales et la dissolution de l’Armée de libération nationale. Ces mémoires, qui se choquent, s’entrechoquent et s’opposent, sont plus que jamais d’actualité car les acteurs du champ politique ont bien compris l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de l’héritage des pères de l’Indépendance. Chaque camp soigne ses morts et ses martyrs. Mohammed VI a bien compris la nécessité de ressusciter la mémoire de son grand-père. L’Istiqlal continue de vénérer le patriarche Allal El Fassi. Les socialistes, eux, se déchirent sur la personnalité de Ben Barka. Et les enfants d’Ilal Amam célèbreront plus que jamais la mémoire du résistant que fut Abraham Serfaty. Au final, c’est la synthèse de ces mémoires multiples qui fera notre histoire commune.
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Par la rédaction