Après avoir milité en faveur de l’Indépendance marocaine, une poignée de «Français du Maroc» tentent d’arracher celle de l’Algérie. Un pan méconnu de l’Histoire maghrébine…
Dans les années 1950, rares sont les personnalités françaises à manifester leur soutien au nationalisme marocain. Le docteur Guy Delanoë est de ceux-là. Ce Français installé au Maroc est le fondateur du comité Conscience Française, créé en réaction au mouvement Présence Française, partisan de la ligne dure et strictement opposé à l’option d’Indépendance du Maroc. En 1955, un groupe de 75 Français décide d’adresser une lettre au président français René Coty, appelant à une révision de la politique coloniale française au Maroc. Mais d’Indépendance, il n’est jamais question dans la missive, qui se contente d’appeler au retour du sultan Mohammed Ben Youssef.
«Dites à De Gaulle…»
En 1956, le Maroc est indépendant. Paradoxalement, ceux qui avaient milité dans ce sens ne savent pas sur quel pied danser. Certes, le Maroc a acquis, conformément à leur espérance, son Indépendance. Sauf que les Français libéraux savent bien que ce ne sont pas leurs revendications qui ont changé la donne. De fait, la France s’est délestée du Maroc et de la Tunisie, comme pour mieux se consacrer à ce qu’elle considère comme un département national : l’Algérie.Le terrain de jeu des Français de gauche est désormais plus à l’Est. En octobre 1958, Hamid Oulhaj, chef des services secrets du FLN au Maroc, entre en contact avec un jeune professeur du collège Moulay Abdallah, un certain Jean-Pierre Koffel, que nous avons rencontré quelques jours avant son décès, dans son domicile à Kénitra. Koffel nous a confié lespropos d’Oulhaj, plus d’un demi siècle plus tôt: «Ce serait une bonne chose que vous, Français du Maroc, disiez à De Gaulle, que la guerre est néfaste pour la France. Le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) est prêt à négocier».Le FLN souhaite que le message adressé à l’Elysée par le truchement des Français du Maroc soit souple et courtois. Sous l’impulsion du Parti communiste français au Maroc, une « grand messe gauchiste » se tient ennovembre 1958 dans une grande demeure bourgeoise marocaine, boulevard des Crêtes à Casablanca.
Par Sami Lakmahri
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