Les droits de l’Homme, c’est lui. L’IER (Instance équité et réconciliation), c’est aussi lui. La révision de la Constitution, il y a pris part. Driss El Yazami, président du CNDH et du CCME, confie à Zamane ses réussites et ses échecs.
Racontez-nous votre enfance. Dans quel milieu avez-vous évolué ?
Je suis né en 1952 à Fès où mes parents avaient émigré depuis la campagne. Mon père est un Jebli du nord qui s’est établi comme tailleur dans cette ville. Je suis le premier à avoir survécu à la naissance après la perte de trois autres enfants qui n’avaient pas été vaccinés, contrairement à moi. à l’époque, les «bonnes sœurs» faisaient des campagnes de vaccination dans les médinas et j’ai eu la chance de croiser leur chemin. Après un bref passage par le msid, j’ai suivi une scolarisation classique à une époque où, pour la plupart, les enfants n’étaient pas enregistrés à l’état civil. Mes parents ont fait la queue deux jours et deux nuits pour mon inscription car les écoles étaient peu nombreuses.
Comment se déroule votre scolarité ?
J’étais plutôt un bon élève. Bien que mon père ait été analphabète, il a bien saisi l’importance de l’enseignement. Tous les vendredis, il nous emmenait au cinéma, mon frère et moi. Ce rituel a duré des années. En 1965, je suis rentré au lycée Moulay Driss en sautant deux classes. C’est à cette époque que j’ai réellement développé ma curiosité envers la culture et les livres. Les enseignants m’ont beaucoup marqué, notamment mon professeur de français Bernard Jakobiak, membre du comité de rédaction de la revue «Souffles» (revue d’extrême gauche qui sera interdite, ndlr). En 1967, je me souviens qu’il nous avait mis en scène dans une pièce de théâtre adaptée d’un long poème de Abdellatif Laâbi, «L’œil et la nuit».
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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