Entre fresque historique et portraits de militants, du Caire avec Abdelkrim
El Khattabi à Oued-Zem sous la mitraille, Zamane vous fait revivre le temps
de la résistance armée à l’occupant français et espagnol, il y a 60 ans.
D’une certaine manière, la résistance est le constat d’un rapport de forces : quand on résiste, c’est qu’on est minoritaire, qu’on lutte avec les armes du faible. Partant, la résistance peut être considérée comme une sorte d’accident de l’histoire, un phénomène presque toujours appelé à disparaître ou à muter : soit la résistance est brisée et s’éteint, quitte à reprendre plus tard, soit elle est victorieuse et doit alors incarner le courant majoritaire et s’organiser en force dominante. Ne serait-ce que parce que la résistance est clandestine par définition et que l’ordre social a toujours considéré la clandestinité comme un état exceptionnel, elle est également un état temporaire, presque une vie en condensée, ou une vie hors de la vie : des enfants affrontant la torture, des lettrés maniant la Kalachnikov, des truands trouvant une cause, des sages qui se salissent les mains…
La résistance n’est souvent qu’une parenthèse, mais y entrer c’est être sûr d’en sortir marqué à jamais : forcément, il y a un avant et un après. Et surtout, il y a une rupture. Résonnant avant tout comme une mise au ban de la société, entrer en résistance n’est pas un acte qui va de soi. C’est un acte qui marque au contraire l’épuisement de toutes les autres options. Comment, à un moment de sa vie, à un moment de l’Histoire, fait-on le choix de sortir de la légalité et de revendiquer une violence légitime ? Faut-il simplement être patriote, courageux, fou, ambitieux, idéaliste, ou tout cela à la fois ? C’est le dilemme de toutes les générations confrontées à des systèmes oppresseurs. C’était le défi des pères de l’Indépendance et c’est sans doute aujourd’hui celui des révoltés du monde arabe. Faut-il y voir un affrontement générationnel ? Faut-il croire que la révolte est l’apanage d’une jeunesse pleine de fougue, qui n’a rien à perdre et tout à gagner ? Ce serait par trop réducteur. Car la résistance n’est jamais l’épopée follement romantique dont, croit-on, rêve la jeunesse, mais bien souvent, une aventure cruellement concrète. Pour beaucoup, le chemin a été le même : de la plume à la clandestinité et du fusil à la table de torture. Parmi eux, des héros anonymes, des martyrs célèbres,jeunes et vieux. Tous ont au moins prouvé que, ravivée par la flamme d’un idéal, la rage des dominés ne s’abîme pas toujours dans le désespoir, et qu’au contraire, elle peut trouver dans l’action le paradis d’un exutoire.
Par la rédaction
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