«Je suis un Jugurtha qui a réussi», aimait se définir le premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba. Etonnant de remonter sa filiation à ce chef amazigh qui a tenu la dragée haute à Rome, et qui a fini dans ses geôles.
Bourguiba a tenu tête à la France et a réussi. Mais ce chef hors-pair ne parlait pas l’amazigh et, fait curieux, n’était pas un Maghrébin de souche, ni Amazigh, ni Arabe. étonnamment, il est d’origine albanaise, dans une famille vassale des Ottomans, qui fut déplacée dans la Tripolitaine, avant d’émigrer vers le Sahel tunisien.
Tunisien, comme il le voulait, il avait une fidélité au passé carthaginois, amazigh, et avait à la bouche cette rebuffade qui irritait à l’époque : «Notre histoire n’a pas commencé avec Oqba (Ibn Nafi’)». Il était Arabe de culture, qu’il maîtrisait par ailleurs, et l’arabisme, en vogue à l’époque, l’indisposait. Et dans les milieux panarabes, en Tunisie comme dans le monde arabe, il était décrié, prenant le parti de son rival de toujours, Saleh Ben Youssef, chantre de l’arabité. On prenait Bourguiba pour traitre, fou même.
Mais ce «fou» a une dimension qui va au-delà du temps et de l’espace. Il inspire toujours. Il aura dégommé, en prestige, Nasser qui a échoué, et rivalisera avec Atatürkqui a refaçonné son pays. Il n’a pas son pareil dans le monde arabe. Il fait encore parler de lui, même si on ne ressasse de lui que quelques idées généreuses, pour sa réforme du code de la famille, ou sa refonte de l’éducation.
Par Hassan Aourid
Lire la suite de l’article dans Zamane N°138